Homélie de Mgr Hubert Herbreteau pour le Jour de Pâques, le dimanche 12 avril 2020

Pâques, comme le mot l’indique, est la fête du passage. Il s’agit du passage historique de la mer rouge par les tribus d’Israël, le passage de l’esclavage d’Égypte à la terre de la liberté et de la promesse.

Mais ces passages bibliques renvoient aussi au passage permanent de Dieu dans notre vie, de Dieu qui aime, qui s’intéresse à l’histoire des hommes, qui veut le bonheur de ses enfants, de Dieu qui libère aujourd’hui encore à travers les multiples événements de notre vie.

Signification du passage

Réfléchissant sur les passages que nous avons à effectuer dans notre vie, nous découvrons que tout passage produit une rupture. Rupture d’avec la situation précédente. Rupture lorsque nous vivons le passage de l’enfance à l’adolescence ; changement parfois déstabilisant lorsque des personnes passent d’une profession à une autre ; transformation d’une vie de célibataire à une vie de couple. On pourrait citer bien d’autres passages.

Tout passage d’une manière de vivre à une autre fait traverser une épreuve. C’est la prise de conscience de nos limites. Nous ne pourrons jamais être tout... Nous ne pourrons tout garder, tout posséder. Souvent un passage nous conduit à quitter des amis, des sécurités. Tout passage est une expérience nouvelle. Et que dire du grand passage : la mort d’un être cher, notre propre mort. Le Père Duval chantait autrefois : « Qui m’aidera bonnes gens à passer sur l’autre rive ? »

L’expérience des disciples

Ce que nous découvrons au plan humain des passages dans notre exisence où se mêlent peur, enthousiasme, bonheur et paix, nous aide à comprendre un peu l’expérience des premiers témoins de la Résurrection.

Pour les disciples, la rupture a été douloureuse. Ce Jésus qu’ils avaient aimé, suivi, écouté, voilà qu’il disparaissait dans les conditions que l’on sait. Finie la belle aventure avec lui ! Il fallait tirer un trait sur l’expérience. Ce passage angoissant a provoqué la déception, le ressentiment, la résignation, la peur.

C’est une expérience spirituelle unique puisque le Christ se manifeste à eux, de manière privilégiée, surprenante, réconfortante. La Bonne Nouvelle de la Résurrection revigore les disciples, leur donne un dynamisme incroyable. Ce Jésus de Nazareth qui a été crucifié, Dieu l’a ressuscité ! Dès lors s’effectue le passage de la douleur à la joie, du désespoir à l’espérance, de la démission à la mission, de la fermeture à l’ouverture, de la crainte à l’audace, de la désunion à la communion fraternelle.

Notre expérience aujourd’hui

Cela rejoint un peu notre expérience aujourd’hui. Dans les moments d’épreuves (deuil, maladie, séparation, confinement en raison d’une épidémie), dans un monde où il est parfois difficile de repérer les raisons de vivre, la Bonne Nouvelle de la Résurrection nous soulève, nous transporte, nous transforme. Il est vivant ! Le Christ est présent au cœur de nos vies et nous sommes sûrs désormais que la mort n’aura pas le dernier mot. À la suite de Jésus nous passons de la mort à la vie nouvelle.

Pâques est la fête la plus importante pour les chrétiens. Par la mort et la Résurrection de Jésus, nous nous savons aimés de Dieu, nous savons que la réconciliation est définitive.

La mort et la Résurrection de Jésus fait jaillir de nos cœurs l’action de grâce, l’émerveillement. Dieu accomplit des merveilles.

Christ est ressuscité ! Nous avons besoin de transmettre la nouvelle de la Résurrection, surtout en cette période terrible du coronavirus.

L’émerveillement est rarement silencieux : il aime à se dire : « La joie sur les lèvres, je dirai ta louange » dit le psaume 62. Il faut même crier : « Je crie de joie à l’ombre de tes ailes ».

La mort et la Résurrection nous envoient en mission. Témoignons autour de nous de l’amour de Dieu, de l’espérance !

Amen !

Mgr Hubert HERBRETEAU
Évêque d’Agen