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6 avril 2020 1 06 /04 /avril /2020 16:41
Peinture : Jésus et les Apôtres, Rouault

Peinture : Jésus et les Apôtres, Rouault

MÉDITATION POUR LE MARDI SAINT

par Mgr Hubert HERBRETEAU, ÉVÊQUE D'AGEN

 

Jésus, notre compagnon de route

 

Méditation pour le Mardi Saint

 

L’aventure de notre vie spirituelle est une aventure nommée Jésus. C’est lui, en effet, qui éveille la dimension spirituelle, lui qui libère et met en route. Il est à la fois notre compagnon et notre guide, le chemin et le terme de l’aventure.

 

En ce mardi de la Semaine Sainte, tournons notre regard vers le Christ. Qui est-il vraiment pour nous ? C’est vers sa rencontre que nous sommes en marche.

 

Le dérangeur et le désenclaveur

 

Jésus est « le dérangeur », comme le dit Dostoïevski dans Les frères Karamazov.

 

« Il est la route et il nous déroute » dit saint Augustin. Il est proche et lointain, familier et mystère. Sa rencontre nous introduit dans un mouvement de découvertes inépuisables, toujours renouvelées.

 

Jésus est le « désenclaveur », celui qui nous arrache à nous-mêmes en nous attirant vers lui, qui nous fait quitter nos routines, notre laisser-aller, notre superficialité pour nous lancer à sa suite. Et c’est là toute une aventure.

 

C’est ce qui se passe dans l’amitié véritable. Lorsque l’on se laisse rencontrer par quelqu’un, en le rejoignant là où il est et en lui permettant de se révéler, il se produit un bouleversement. Je pense à un proverbe arabe : « Viens à moi avec ton coeur et je te donnerai mes yeux. » Jésus nous dit en quelque sorte : « Viens à moi dans l’amitié et tu seras illuminé. »

 

Accepter l’invitation de Jésus à le rejoindre, c’est courir le risque d’un bouleversement profond. « Venez et voyez ! » Jésus nous révèle notre propre richesse, car en lui nous découvrons la grandeur de ce que nous sommes. Après sa rencontre avec Jésus, la Samaritaine s’écrie : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jn 4). Cette femme découvre qui elle est, la vérité de sa vie… Pascal disait : « Nous ne nous connaissons qu’en Jésus Christ. » Et saint Jean-Paul II ajoute : « L’homme qui veut se comprendre lui-même jusqu’au fond, ne doit pas se contenter pour son être propre de critères et de mesures qui seraient immédiats, partiaux, souvent superficiels et même seulement apparents ; mais il doit avec ses inquiétudes, ses incertitudes et même sa faiblesse et son péché, avec sa vie et sa mort, s’approcher du Christ » (Redemptor hominis, n° 10).

 

Jésus est le passant, le passeur et le passage

 

Dans les évangiles, on voit Jésus marchant en permanence : autour du lac de Tibériade, mais aussi au-delà du Jourdain, en territoire païen. Il prend enfin résolument la route vers Jérusalem (cf. Lc 9, 51). Dans un petit livre, L’homme qui marche, Christian Bobin a bien traduit poétiquement cette attitude de Jésus : « Ils sont d’abord quatre à écrire sur lui. Ils ont, quand ils écrivent, soixante ans de retard sur l’événement de son passage. Soixante ans au moins. Nous en avons beaucoup plus, deux mille. Tout ce qui peut être dit sur cet homme est en retard sur lui. Il garde une foulée d’avance et sa parole est comme lui, sans cesse en mouvement, sans fin dans le mouvement de tout donner d’elle-même » (p. 8-9).

 

• Jésus est le passant qui rencontre l’aveugle sur le chemin, la femme cananéenne, le centurion romain et bien d’autres… Il passe dans nos vies et nous prend par la main.
• Jésus est le passeur, celui qui nous fait passer de la mort à la vie, de la tristesse à la joie, de la démission à la mission, de l’enfermement à l’ouverture. Jésus fait passer ses disciples de la tentation de s’installer sur la montagne à une vie plus rude marquée par l’épreuve et la croix.
• Jésus est le passage : « Sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père… » (Jn 13, 1). Il nous invite à nous mettre au service de nos frères, à être « Église en sortie vers les périphéries existentielles ». Jésus nous entraîne dans son passage, dans sa Pâque.

 

Jésus est le révélateur de Dieu

 

Saint Paul le dit de manière vertigineuse : « Dans le Christ sont cachés tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu » (Col 2, 3). En Jésus nous avons accès à toute la richesse de Dieu. Il est le révélateur de Dieu.
Méditons aussi cette parole de Jésus adressée à ceux des « juifs qui croyaient en lui » : « Mais maintenant, vous cherchez à me tuer, moi un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. (…) Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car moi, c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même, c’est lui qui m’a envoyé » (Jn 8, 40-42).

 

Quelques pistes pour la prière

 

L’antienne d’ouverture de la messe de ce Mardi Saint : « Montre-moi, Seigneur, ton chemin, conduis-moi par des routes sûres, malgré ceux qui me guettent. Ne me laisse pas à la merci de l’adversaire »

 

La prière de sainte Thérèse d’Avila :
Que rien ne te trouble, que rien ne t'effraie, tout passe,
Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit.
Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'effraie.

 

+ Hubert Herbreteau
Évêque d’Agen

 

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Le SERVICE DIOCÉSAIN DU CATÉCHUMÉNAT  propose pour ce LUNDI SAINT un CHEMIN SPIRITUEL avec SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE (1651-1719)

 

Vous trouverez en cliquant sur le lien ci-dessous un temps de prière pour cette journée et un temps de prière avant le repos de la nuit.

 

Cliquer sur le lien ci-dessous

 

SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE - Photo du site: https://lasallefrance.fr

SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE - Photo du site: https://lasallefrance.fr

CHANT du jour

(Cliquer sur le lien ci-dessus)

 

Ô mon Bien-Aimé

 

1. Ô mon Bien-Aimé, Jésus, mon Seigneur,
Sur nos lèvres, ton nom est joie et douceur.
Et plus que tout, ta simple présence
Emplit nos cœurs d’une joie immense !

 

R. Jésus, Jésus,
Jésus, adoramus te.

 

2. À tous les affligés, mendiants du pardon,
Tu accordes sans fin la consolation
De reposer, las de leurs errances,
Sur ton épaule, dans la confiance.

 

3. Quel esprit peut saisir ta grande bonté ?
Et quelle hymne, ô Seigneur, pourrait te chanter ?
Mais tous les êtres aspirent vers toi,
Leur seule fin et leur seule joie !

 

4. Abaissé, tu t’es livré jusqu’à la croix,
À ta suite est ouvert un chemin de foi.
Tu nous appelles, heureux serviteurs,
À partager la joie du Vainqueur.

Paroles et musique : Communauté de l'Emmanuel (M. Wittal) D'après Jesus, dulcis memoria, Oxford, XIIe siècle Titre original (DE) : O liebster Jesu /© 2017, Gemeinschaft Emmanuel, Kolbergstraße 4, 84503 Altötting Traduction : © 2019, Éditions de l’Emmanuel, 89 boulevard Blanqui, 75013 Paris

 

LECTURES DU JOUR

 

PREMIÈRE LECTURE

 

« Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre »

 

Lecture du prophète Isaïe (Is 49, 1-6)

 

Écoutez-moi, îles lointaines !
Peuples éloignés, soyez attentifs !
J’étais encore dans le sein maternel
quand le Seigneur m’a appelé ;
j’étais encore dans les entrailles de ma mère
quand il a prononcé mon nom.
Il a fait de ma bouche une épée tranchante,
il m’a protégé par l’ombre de sa main ;
il a fait de moi une flèche acérée,
il m’a caché dans son carquois.
Il m’a dit :
« Tu es mon serviteur, Israël,
en toi je manifesterai ma splendeur. »
Et moi, je disais :
« Je me suis fatigué pour rien,
c’est pour le néant, c’est en pure perte
que j’ai usé mes forces. »
Et pourtant, mon droit subsistait auprès du Seigneur,
ma récompense, auprès de mon Dieu.
Maintenant le Seigneur parle,
lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère
pour que je sois son serviteur,
que je lui ramène Jacob,
que je lui rassemble Israël.
Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur,
c’est mon Dieu qui est ma force.
Et il dit :
« C’est trop peu que tu sois mon serviteur
pour relever les tribus de Jacob,
ramener les rescapés d’Israël :
je fais de toi la lumière des nations,
pour que mon salut parvienne
jusqu’aux extrémités de la terre. »

 

PSAUME (26 (27), 1, 2, 3, 13-14)

 

Ma bouche annonce ton salut, Seigneur.

 

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.

 

Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !

 

Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère ;
tu seras ma louange toujours !

 

Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut ;
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.

 

ÉVANGILE DU JOUR

 

« L’un de vous me livrera… Le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois »

 

Louange à toi, Seigneur, Roi d’éternelle gloire ! Salut, ô Christ, notre Roi : obéissant au Père ; comme l’agneau vers l’abattoir, tu te laisses conduire à la croix. Louange à toi, Seigneur, Roi d’éternelle gloire !

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 13, 21-33, 36-38)

 

En ce temps-là,
au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples,
il fut bouleversé en son esprit,
et il rendit ce témoignage :
« Amen, amen, je vous le dis :
l’un de vous me livrera. »
Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras,
ne sachant pas de qui Jésus parlait.
Il y avait à table, appuyé contre Jésus,
l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait.
Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus
de qui il veut parler.
Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus
et lui dit :
« Seigneur, qui est-ce ? »
Jésus lui répond :
« C’est celui à qui je donnerai la bouchée
que je vais tremper dans le plat. »
Il trempe la bouchée,
et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote.
Et, quand Judas eut pris la bouchée,
Satan entra en lui.
Jésus lui dit alors :
« Ce que tu fais, fais-le vite. »
Mais aucun des convives ne comprit
pourquoi il lui avait dit cela.
Comme Judas tenait la bourse commune,
certains pensèrent que Jésus voulait lui dire
d’acheter ce qu’il fallait pour la fête,
ou de donner quelque chose aux pauvres.
Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt.
Or il faisait nuit.

 

Quand il fut sorti, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.

 

Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore
que je suis avec vous.
Vous me chercherez,
et, comme je l’ai dit aux Juifs :
“Là où je vais,
vous ne pouvez pas aller”,
je vous le dis maintenant à vous aussi. »

 

Simon-Pierre lui dit :
« Seigneur, où vas-tu ? »
Jésus lui répondit :
« Là où je vais,
tu ne peux pas me suivre maintenant ;
tu me suivras plus tard. »
Pierre lui dit :
« Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ?
Je donnerai ma vie pour toi ! »
Jésus réplique :
« Tu donneras ta vie pour moi ?
Amen, amen, je te le dis :
le coq ne chantera pas
avant que tu m’aies renié trois fois. »

 

Commentaire de l'Évangile

 

Découvrir Dieu

 

La détermination de Jésus est étonnante, tout à la fois forte et paisible. Jésus sait qu’il vit les dernières heures de sa vie, qu’il va mourir pour sauver l’humanité. Il sait aussi que les heures qui viennent seront extrêmement éprouvantes. Pourtant, dans ce dernier repas, il semble extrêmement paisible. Il peut annoncer la trahison de l’un de ses amis sans manifester de haine ni même de reproche. Il pourrait être tenté de se décourager devant le manque de fiabilité de ses disciples, mais il continue son chemin, avec cette détermination qu’il a toujours eue et qui se manifeste plus clairement encore dans ses dernières heures. C’est peut-être la grâce de cette détermination paisible que nous pouvons demander aujourd’hui au Seigneur, dans cette semaine sainte. Que le Seigneur nous permette de ne pas laisser entrer des tentations de découragement, dans tous les domaines de notre vie, et d’aller jusqu’au bout de ce qu’il nous demande aujourd’hui.

 

Évangile commenté par le Père Alain de Boudemange

 

 

L’évangile de ce jour nous situe déjà dans l’intimité du dernier repas de Jésus avec ses apôtres au Cénacle… Jésus vient d’instituer l’Eucharistie puis de laver les pieds de ses apôtres. C’est l’amour qui se livre tout entier, librement et se manifeste dans l’humilité de l’abaissement du Serviteur de Dieu. Jésus a donc lavé les pieds de Pierre et aussi de Juda avec le même amour, espérant jusqu’au bout que son ami lui ouvre son cœur…

 

Ce dialogue avec les apôtres, l’annonce de la trahison de Juda et du reniement de Pierre, nous montre que cette offrande de Jésus dans sa passion dépasse complètement les apôtres. Nul ne peut retenir la folie de cet Amour du Christ qui « vient glorifier le Père », c’est à dire le révéler et nous sauver.

 

En ce jour, durant mon temps de prière, je fais mémoire de cet Amour manifesté par Jésus dans l’évangile et dans ma vie personnelle … Dans un second temps, je peux reconnaitre mon ingratitude et mes lâchetés ou indifférences dans ma vie de Foi et de charité, chaque fois par exemple que l’occasion m’était donnée d’aider mon prochain et que je ne l’ai pas saisie. A défaut de pouvoir vivre avant Pâques le sacrement de réconciliation, je peux toujours recevoir de Dieu le pardon de mes péchés par une vraie contrition. Aurais-je l’humilité de laisser Jésus m’aimer tel que je suis ?

 

Évangile commenté par Père Bertrand

 

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