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8 avril 2020 3 08 /04 /avril /2020 09:13
MERCREDI SAINT : MÉDITATION PAR Mgr HERBRETEAU - PROPOSITION D'UN CHEMIN SPIRITUEL PAR LE SERVICE DU CATÉCHUMAT - LECTURES DU JOUR ET CHANT - COMMENTAIRE DE L'ÉVANGILE

MÉDITATION POUR LE MERCREDI SAINT

par Mgr Hubert HERBRETEAU, ÉVÊQUE D'AGEN

 

Jésus, le crucifié

 

Méditation pour le mercredi saint

 


La religion chrétienne n’est pas une religion qui nous évade du réel de l’existence. Le Mystère de la Passion de Jésus a toujours été d’une grande importance dans la foi de l’Église, dans sa réflexion théologique, dans sa spiritualité, dans la dévotion populaire.

 

Pendant la Semaine Sainte, les chrétiens aiment entendre les grands récits évangéliques de la Passion. Le chemin de croix reste une pratique populaire et suivie par beaucoup de gens. Ici où là, on joue la Passion, sous forme théâtrale. Au cours des siècles, des œuvres d’art représentent le Christ défiguré, souffrant (par exemple, le dévot Christ de Perpignan, du XIVe siècle).

 

Cet accent mis sur la Passion fait comprendre que le message chrétien n’oriente pas vers des rêves inconsistants. La religion chrétienne ne nous réfugie pas dans un monde idéal. Est-il nécessaire de s’attarder autant sur la Passion et la mort de Jésus ? On pourrait penser que le plus important est plutôt de parler de tout ce qui annonce le triomphe de la mort dans la vie publique de Jésus. Les scènes douloureuses ne devraient-elles pas être estompées et laisser place aux aspects positifs de l’existence de Jésus ? Parler de la Passion de Jésus est incontournable. C’est en effet respecter les réalités de l’existence au cours de laquelle il y a parfois échec et souffrance.

 

Le signe d’identité du chrétien

 

On se demande par quel étrange retournement les chrétiens ont-ils pu faire d’un châtiment honteux, destiné aux esclaves, le « signe » glorieux de leur identité.

 

Tout commence par une réaction scandalisée : Dieu s’est abaissé à ce point ? La croix est folie pour quelqu’un qui ne partage pas la foi chrétienne. Seule la foi, précisément, permet de dire que le visage du crucifié « rayonne l’éclat de la lumière éternelle » (Guerry d’Igny). Seul l’amour reçu permet de lire sur le bois le signe de l’Amour donné pour nous, misérables et pécheurs. Ce n’est donc pas le bois que l’on adore, ce n’est pas la souffrance morbide qui est exaltée, mais l’arbre de vie, le trône de l’Agneau, l’alpha et l’oméga de la miséricorde divine.

 

Il nous faut descendre avec le Christ dans l’abîme du Golgotha, contempler ce Dieu devenu « la risée du monde », considérer l’Homme que l’on bafoue, l’Innocent que l’on condamne, le Juste que l’on assassine.

 

Devant Jésus crucifié, le jeune Karol Wojtyla écrivit ce poème qui traduit bien ce qu’est la contemplation de Jésus crucifié : « Tu t’es épuisé mortellement/ Ils T’ont mortellement détruit./ Cela s’appelle la Miséricorde./ Et pourtant tu es resté beau,/ Le plus beau des enfants de l’homme./ Une telle beauté ne s’est jamais reproduite./ Oh, quelle beauté difficile !/ Cette beauté s’appelle Miséricorde. »

 

En lisant La pierre d’achoppement de Mauriac, je découvre aussi ce passage magnifique : « Tous les raisonnements ne peuvent rien contre cette évidence que le Christ, en termes clairs et réitérés, se détournent de ceux qui crient : “Seigneur ! Seigneur !” Et n’accomplissent pas sa volonté : cette volonté que nous soyons crucifiés avec lui. Évidence faite pour nous vouer au désespoir, si en fait chacun de nous n’était plus crucifié qu’il ne le sait lui-même. Si vous cherchez dans chaque homme la croix à la mesure de sa destinée, vous finirez toujours par la trouver. En chacun de nous, une croix grandit en même temps que nous-mêmes, et c’est être sauvés que de s’y étendre enfin de gré ou de force avant notre dernier souffle » (Œuvres autobiographiques, La Pléiade, p. 328).

 

Ne pas sombrer dans le dolorisme

 

Il existe pourtant un risque : c’est celui du dolorisme et d’une certaine complaisance au sujet de la souffrance. De là viennent certaines réticences à parler de la croix et de la Passion. Les chrétiens héritent d’une longue histoire et d’une conception parfois ambiguë de la souffrance. C’est pourquoi nous devons nous efforcer de présenter l’unité indissoluble de la Passion et de la Résurrection.

 

On a souvent présenté Passion et Résurrection sous forme de contraste : la Passion serait une défaite, la Résurrection serait une victoire ; la Passion serait humiliante, la Résurrection serait glorifiante. Les évangiles présentent autrement Passion et Résurrection : la Passion n’est pas une défaite mais un combat victorieux.

 

Quelques pistes pour la prière

 

 Le bois mort est devenu arbre de vie. Le bois sec est un bois vert, merveilleusement fécond en branches, en feuilles et en fruits comme le représente la mosaïque absidale de Saint-Clément de Rome. La croix, instrument de supplice affreux et dégradant est croix transfigurée. Le signe de la condamnation devient celui de la grâce et du pardon. Le symbole de la faiblesse devient celui de la force toute puissante, dépourvue de toute violence.


 La croix est faite d’un axe vertical et d’un axe horizontal. Le corps du Christ est écartelé entre ciel et terre. La croix est signe de la réconciliation qui va de Dieu aux hommes et des hommes aux autres hommes. Dieu se donne à l’homme et aime l’homme jusqu’à mourir. En Jésus, c’est l’homme qui se tourne vers le Père dans un don total de lui-même. Toute la circulation de vie qui renaît entre Dieu et les hommes passe par ce corps meurtri.

 

+ Hubert Herbreteau
Évêque d’Agen

 

 

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Le SERVICE DIOCÉSAIN DU CATÉCHUMÉNAT  propose pour ce MERCREDI SAINT un CHEMIN SPIRITUEL avec SAINTE JEANNE JUGAN (1792 - 1879)

 

Vous trouverez en cliquant sur le lien ci-dessous un temps de prière pour cette journée et un temps de prière avant le repos de la nuit.

 

Cliquer sur le lien ci-dessous

 

SAINTE JEANNE JUGAN

SAINTE JEANNE JUGAN

CHANT du jour

(Cliquer sur le lien ci-dessus)

Venez à moi, vous qui portez un fardeau

 

R. Venez à moi, vous qui portez un fardeau.
Venez, vous tous qui peinez,
Et moi, je vous soulagerai.
Je suis le repos de vos âmes.

 

1. Mettez-vous à mon école,
Car je suis doux, je suis humble de cœur.
Prenez mon joug il est aisé
Et vous trouverez la paix.
Mon fardeau est léger !

 

2. Devant toi je tiens mon âme,
Comme un enfant dans les bras de sa mère.
Seigneur, mon âme espère en toi !
En silence et dans la foi,
J’espère le Seigneur !

 

Paroles et musique : Communauté de l'Emmanuel (M. Wittal) /Titre original (DE) : Kommt alle zu mir, die ihr beladen seid © 2002, Gemeinschaft Emmanuel, Kolbergstraße 4-6, 84503 Altötting © 2005, Éditions de l’Emmanuel, 89 boulevard Blanqui, 75013 Paris

 

LECTURES DU JOUR

 

PREMIÈRE LECTURE

 

« Je n’ai pas caché ma face devant les outrages »

 

Lecture du prophète Isaïe (Is 50, 4-9a)

 

Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples,
pour que je puisse, d’une parole,
soutenir celui qui est épuisé.
Chaque matin, il éveille,
il éveille mon oreille
pour qu’en disciple, j’écoute.
Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ;
c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,
c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre :
je sais que je ne serai pas confondu.
Il est proche, Celui qui me justifie.
Quelqu’un veut-il plaider contre moi ?
Comparaissons ensemble !
Quelqu’un veut-il m’attaquer en justice ?
Qu’il s’avance vers moi !
Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ;
qui donc me condamnera ?

 

PSAUME (68 (69), 8-10, 21-22, 31, 33-34)

 

Dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi ; c’est l’heure de ta grâce.

 

C’est pour toi que j’endure l’insulte,
que la honte me couvre le visage :
je suis un étranger pour mes frères,
un inconnu pour les fils de ma mère.
L’amour de ta maison m’a perdu ;
on t’insulte, et l’insulte retombe sur moi.

 

L’insulte m’a broyé le cœur,
le mal est incurable ;
j’espérais un secours, mais en vain,
des consolateurs, je n’en ai pas trouvé.
À mon pain, ils ont mêlé du poison ;
quand j’avais soif, ils m’ont donné du vinaigre.

 

Mais je louerai le nom de Dieu par un cantique,
je vais le magnifier, lui rendre grâce.
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Car le Seigneur écoute les humbles,
il n’oublie pas les siens emprisonnés.

 

ÉVANGILE DU JOUR

 

« Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit ; mais malheureux celui par qui il est livré ! »

 

Louange à toi, Seigneur, Roi d’éternelle gloire ! Salut, ô Christ notre Roi : obéissant au Père, comme l’agneau vers l’abattoir tu te laisses conduire à la croix. Louange à toi, Seigneur, Roi d’éternelle gloire !

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 26, 14-25)

 

En ce temps-là,
l’un des Douze, nommé Judas Iscariote,
se rendit chez les grands prêtres
et leur dit :
« Que voulez-vous me donner,
si je vous le livre ? »
Ils lui remirent trente pièces d’argent.
Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable
pour le livrer.

 

Le premier jour de la fête des pains sans levain,
les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus :
« Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs
pour manger la Pâque ? »
Il leur dit :
« Allez à la ville, chez untel,
et dites-lui :
“Le Maître te fait dire :
Mon temps est proche ;
c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque
avec mes disciples.” »
Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit
et ils préparèrent la Pâque.

 

Le soir venu,
Jésus se trouvait à table avec les Douze.
Pendant le repas, il déclara :
« Amen, je vous le dis :
l’un de vous va me livrer. »
Profondément attristés,
ils se mirent à lui demander, chacun son tour :
« Serait-ce moi, Seigneur ? »
Prenant la parole, il dit :
« Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi,
celui-là va me livrer.
Le Fils de l’homme s’en va,
comme il est écrit à son sujet ;
mais malheureux celui
par qui le Fils de l’homme est livré !
Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né,
cet homme-là ! »
Judas, celui qui le livrait,
prit la parole :
« Rabbi, serait-ce moi ? »
Jésus lui répond :
« C’est toi-même qui l’as dit ! »

 

Commentaire de l'Évangile

 

Découvrir Dieu

 

En cette veille du Jeudi Saint et du « Triduum Pascal » (les trois jours saints) nous sommes aujourd’hui dans une journée de préparatifs. L’évangile d’aujourd’hui nous dit les préparatifs des apôtres pour le repas pascal. C’est un aspect marquant des derniers jours de Jésus : il est particulièrement attentif à ce que toutes les conditions soient bien réunies pour les moments importants qu’il doit vivre. Dimanche il avait donné des instructions précises aux apôtres pour l’entrée à Jérusalem ; aujourd’hui il s’assure que le repas soit bien préparé, sans improvisation. Cela ne veut pas dire que Jésus ne s’est pas laissé surprendre à plusieurs reprises dans son ministère, mais nous voyons aussi qu’il sait anticiper ces moments importants. Peut-être est-ce une belle indication pour nous aujourd’hui. Quels sont les préparatifs que Jésus nous propose de vivre aujourd’hui en vue de ces trois jours saints ? Que pouvons-nous faire aujourd’hui pour entrer demain dans le Triduum de la plus belle des manières ?

 

Évangile commenté par le Père Alain de Boudemange

 

Depuis quelques jours, nous sentons la tension monter autour de Jésus. L’ambiance est à la suspicion dans le groupe des apôtres. Chacun se défend et se montre loyal. Tous se demandent qui est la taupe ou le traitre dans le groupe? Jésus ne dira pas comme l’autre : « surveillez-vous et moi je vous surveille », mais il va plutôt  avancer vers son heure, car elle est imminente et elle est grave. C’est l’heure de la vérité car le salut du monde va se jouer là. Tout doit s’accomplir. Il doit boire la coupe amère et donner sa vie pour le salut de tout être humain. C’est pour nous ses frères et sœurs  qu’il marche résolument vers cette heure, c’est pour nous libérer du péché qui nous retient esclaves. Oui, pour te sauver, pour me sauver, Jésus est prêt au sacrifice suprême.

 

Malheureusement, il arrive que subtilement nous prenions la place de Judas. Nous tombons en posant d’une manière ou d’une autre la question fatidique de la trahison : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? ». Judas est vraiment un traître pour avoir « vendu » son maître. Et nous, que faisons-nous ? C’est l’occasion pour nous qui marchons à la suite de  Jésus  de revoir notre vie à la lumière de la trahison de Judas et des événement tragiques qui se déroulent. Combien de fois n’avons-nous pas préféré des faveurs, de l’argent, la notoriété ou autre à Jésus et sa parole qui sauve ? Seigneur nous reconnaissons nos faiblesses, notre péché. Que ta miséricorde nous relève et nous serons sauvés. Écoute et prends pitié de nous Seigneur. Merci d’avoir enduré la souffrance de la trahison pour nous sauver.

 

Évangile commenté par Père Gilbert Biaye 

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