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15 avril 2020 3 15 /04 /avril /2020 08:24
NOTRE-DAME DE PARIS ... UN AN DÉJÀ !
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EXCLUSIF Au cœur de Notre-Dame blessée

 

Par Catherine Lalanne et Sophie Laurant, Photos : Stéphane Compoint 

 

« L’âme de Notre-Dame »

Mgr Chauvet, recteur de Notre-Dame

 

« Votre reportage ne propose pas seulement une vision esthétique de la cathédrale. Il saisit son mystère et sa beauté. La beauté de l’invisible, qu’aucune déchirure ne peut effacer. Stéphane Compoint a su voir l’âme de la cathédrale blessée. Les lieux sont vides mais pas désertés. Lorsque je suis entré, dans la nuit du 15 au 16 avril dernier, avec le président de la République dans Notre-Dame, l’incendie à peine éteint, j’ai vu la Croix de gloire, intacte, briller sous la Lune. Le ciel entre toujours par le trou béant causé par l’effondrement de la flèche, et la Croix demeure éclairée. L’orgue, les trois roses de verre aussi sont saufs. Tout comme la Vierge du pilier et les Mays qui ont été déplacés. L’architecture a protégé la musique, le verre, la sculpture et la peinture. Un signe de Dieu. Et du génie des bâtisseurs du Moyen Âge. »

 

 

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« Blessée mais pas détruite »

Général Jean-Louis Georgelin, missionné par Emmanuel Macron pour diriger le chantier de restauration

« Ces images baignées d’une lumière dorée donnent une vision apaisée de la cathédrale et tranchent avec la dramatisation apocalyptique de celles que l’on a pu voir jusqu’à présent. Elles sont à l’image de ce que j’ai ressenti en pénétrant dans les lieux : Notre-Dame apparaît blessée mais pas détruite. Nous lui rendrons sa beauté. »

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Interview du Général Jean-Louis Georgelin par Catherine Lalanne et Sophie Laurant

Un an après l’incendie de Notre-Dame, le général Jean-Louis Georgelin, missionné par Emmanuel Macron pour diriger le chantier de restauration, revient sur les travaux entrepris.

Pourquoi le chantier de Notre-Dame s’est-il arrêté le 17 mars dernier ?

Un an après l’incendie de Notre-Dame, le général Jean-Louis Georgelin, missionné par Emmanuel Macron pour diriger le chantier de restauration, revient sur les travaux entrepris.

Pourquoi le chantier de Notre-Dame s’est-il arrêté le 17 mars dernier ?

Après analyse de la situation, nous avons estimé qu’il était prudent de mettre le chantier en sommeil. Si nos compagnons sont protégés par des combinaisons antiplomb lorsqu’ils travaillent sur le site de la cathédrale, les installations de décontamination liées à la pollution au plomb (sas, vestiaires, douches) ne permettaient pas de garantir leur sécurité sanitaire collective contre la pandémie du Covid-19. Par ailleurs, il n’était pas possible d’assurer leur transport et leur hébergement en toute sécurité… Certains viennent travailler à Notre-Dame depuis la Lorraine.

Mais nous ne restons pas inactifs et étudions les conditions qui pourraient permettre au chantier de reprendre partiellement sans remettre en cause la sécurité sanitaire des ouvriers. En attendant, notre équipe continue de travailler, bien que confinée, sur les indispensables dossiers administratifs et financiers. Le bureau d’études de Philippe Villeneuve, l’architecte en chef des monuments historiques en charge de la restauration, poursuit ses plans et analyses pour la suite du chantier.

Quelles ont été vos premières priorités de président de l’établissement public, et quelles seront les prochaines étapes ?

Lors de ma nomination, en décembre dernier, j’ai pris en main la nécessaire coordination du chantier. Je me suis aussi attaqué à la décontamination de l’édifice, entièrement recouvert par la poussière de plomb de la flèche. Par ailleurs, nous devons toujours démonter les 40 000 pièces d’échafaudage fondues et tordues par l’incendie. Ce travail devait débuter à la mi-mars, parallèlement à l’évacuation des débris qui recouvrent les voûtes. Il nous a fallu surseoir.

Votre foi catholique a-t-elle joué un rôle dans le choix du Président de vous confier cette mission ?

Oui, il me l’a dit lui-même ! Je suis étonné que cela surprenne… Car Notre-Dame est avant tout une église, non ? Nous avons le devoir de la rendre au culte et à la nation. Nous redécouvrons, depuis l’incendie, à quel point ce monument est inséparable de l’histoire de notre pays. Chaque victoire a entendu son Te Deum à Notre-Dame, sous la République comme au temps des rois.

« Notre-Dame, c’est l’âme de la France. »

Je ne suis pas certain que l’émotion qui a saisi le monde après l’incendie aurait été aussi forte si un tel sinistre avait touché la tour Eiffel. Notre-Dame, c’est l’âme de la France. Certains voient dans le fait que son mobilier a été préservé une protection de la Vierge, d’autres des raisons liées aux lois de la physique. Je suis croyant et sensible aux deux hypothèses. Ma foi profonde n’est pas constituée de certitudes mais d’une quête constante, d’une recherche de sens menée tout au long de ma vie.

Que ressentez-vous aujourd’hui quand vous entrez dans l’édifice ?

Comme tous les Français, j’ai grandi dans l’amour de ma capitale, Paris, une cité exceptionnelle, riche de monuments uniques. L’émotion qui me saisit quand j’admire les tours inébranlables de Notre-Dame, sa façade, lorsque je pénètre dans sa nef blessée, est liée à ce patrimoine transmis, à sa beauté. Les bâtisseurs du Moyen Âge ont construit un édifice solide. Et il a résisté.

Que vous inspirent les images inédites prises par notre reporter Stéphane Compoint ?

De la sérénité. Ces images baignées d’une lumière dorée donnent une vision apaisée de la cathédrale et tranchent avec la dramatisation apocalyptique de celles que l’on a pu voir jusqu’à présent. Elles sont à l’image de ce que j’ai ressenti en pénétrant dans les lieux : Notre-Dame apparaît blessée mais pas détruite. Nous lui rendrons sa beauté.

 

« Notre-Dame apparaît blessée mais pas détruite. »

 

Pourtant, vous insistez sur le fait que la cathédrale se trouve toujours en état de péril…

Elle est gravement blessée, indéniablement. Depuis un an, elle a subi les chocs thermiques de l’incendie et des trombes d’eau pour l’éteindre, puis la canicule de l’été, les tempêtes de l’automne… et pourtant, d’après nos capteurs, sa structure n’a pas bougé davantage cette année que durant les 850 ans de son existence. Notre-Dame tient toujours debout ! Philippe Villeneuve établit actuellement un diagnostic de l’état de la voûte. Une tâche primordiale pour déterminer les options de la restauration qui devraient être arrêtées au début de cet été.
 

Saura-t-on alors si la charpente sera refaite à l’identique ?

Nous présenterons les différentes options possibles à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Ces décisions se préparent en amont entre les différents acteurs : l’établissement public, la maîtrise d’œuvre, le conseil scientifique placé auprès de moi et qui réunit quatorze experts (historiens de l’art, spécialistes des vitraux, de la sculpture, de l’orgue). À cela s’ajoute le remarquable travail des chercheurs, sous l’égide du CNRS et du laboratoire des monuments historiques, qui ont produit des travaux très spécialisés sur la souplesse des différents bois de charpente, les réactions du calcaire à l’extrême chaleur. Les éclairages de tous ces acteurs permettront de prendre les bonnes décisions et de les mettre en œuvre dans les meilleures conditions possibles.

Va-t-on reconstruire la flèche créée par Viollet-le-Duc ou lui préférer un geste architectural contemporain ?

Je regrette la polémique née autour de cette flèche. Nous prendrons la décision le moment venu et je ne doute pas qu’il s’agira d’une bonne décision. Pour l’heure, nous avançons sereinement, en discutant avec les différents experts du monde de l’art. La cathédrale est un chef-d’œuvre d’équilibre qu’il faut respecter. J’y veillerai.


Le chantier du parvis a lui aussi pris du retard alors que les autorités religieuses espéraient sa réouverture avant Pâques…

Bien sûr, l’Église, les croyants, les Parisiens riverains, l’équipe que je dirige, nous sommes tous impatients de voir le parvis à nouveau accessible. Mais il doit d’abord être totalement décontaminé. Et il fait partie des abords, avec le square Jean-XXIII, que le président de la République souhaiterait voir réaménagés. Or le parvis appartient à la Ville de Paris alors que la cathédrale est un monument de l’État. Et avec le scrutin municipal toujours en cours, les discussions restent pour l’instant suspendues.

Vous aviez promis aux croyants un Te Deum pour le 16 avril 2024 à l’intérieur de la cathédrale. Ce délai sera-t-il tenu ?

Je ferai tout pour qu’il en soit ainsi ! Les entreprises et l’ensemble des acteurs qui travaillent à Notre-Dame ont pleinement conscience de leurs responsabilités et mettent un point d’honneur à rendre l’édifice au culte le plus vite possible, tout en assurant la sécurité de tous. Pour y arriver, nous avons besoin du soutien, de la confiance et même de la prière des Français ; celle de vos lecteurs en particulier, pour que cette œuvre s’accomplisse dans la paix.

Général Jean-Louis Georgelin

Général Jean-Louis Georgelin

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« Une métaphore de notre pays »

Père Gilles Drouin, délégué de l’archevêque de Paris pour l’aménagement liturgique de Notre-Dame.

 

« Pénétrer dans la cathédrale anormalement silencieuse et vide est une expérience étrange que je retrouve dans ces photos, pour l’avoir moi-même expérimentée peu avant Stéphane Compoint. Notre-Dame est une métaphore de notre pays et de la communauté chrétienne, blessée mais toujours debout. Elle fait corps avec la Nation, comme si elle participait à nos épreuves ; cette année, à nouveau, en raison de la pandémie, la Semaine sainte se déroule dans une atmosphère lourde et triste. Depuis l’incendie, je suis entré à deux reprises dans l’édifice. J’avais besoin de parcourir l’espace de déambulation, de me rendre compte in situ de l’organisation possible des vingt-neuf chapelles pour élaborer notre projet. Nous voulons mieux accompagner les futurs visiteurs, les initier aux mystères de la cathédrale, leur faire vivre une expérience qui les touchera. Le parcours devra être à la fois initiatique pour les touristes, dévotionnel pour les croyants, pastoral et accueillant pour tous. »

 

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« Réparée en cinq ans »

 

Didier Durand, dirigeant de l’entreprise de maçonnerie-pierre de taille Pierrenoël

 

« Je pense qu’il sera possible de réparer la charpente et les trous dans la voûte en cinq ans. Votre reportage montre Notre-Dame moins blessée qu’elle ne le semblait. En revanche, cette vieille dame n’a pas connu de véritables travaux depuis un siècle. Il faudra peaufiner sa restauration pendant une dizaine d’années après sa réouverture. Pour l’instant, les entreprises qui travaillent à son chevet ont stoppé le chantier. Rien ne vaut une vie ! Mais nous travaillons au confinement de la base de chantier pour qu’une vingtaine de compagnons (sur cent-vingt) puissent reprendre une activité d’ici à quelques semaines. »

 

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« Une patine spirituelle »

 

Olivier Latry, organiste titulaire des grands orgues de Notre-Dame

 

« Chaque fois que je jouais à Notre-Dame, je ressentais physiquement l’énergie de cet édifice, comme si s’était accumulée sur les murs une sorte de « patine spirituelle» faite des millions de prières prononcées. J’ai un peu peur que la restauration efface cela, que l’ambiance sonore devienne différente. Grâce à la voûte de pierre étanche et pare-feu, le grand orgue n’a pas souffert ! Les tuyaux auraient pu fondre dans l’incendie, ils ne sont que remplis de poussière de plomb. Il faudra bien quatre ans pour tout démonter, nettoyer et remonter. Mais qu’est-ce que quatre ans dans la vie d’une cathédrale ? »

 

 

 

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