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23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 11:01
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°28 (et dernier n° de l'été 2020) : SAINT-LAZARE D'AUTUN, LA PERLE DE LA BOURGOGNE
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°28 (et dernier n° de l'été 2020) : SAINT-LAZARE D'AUTUN, LA PERLE DE LA BOURGOGNE

 

Selon la tradition, Autun abrite depuis le Xe siècle des reliques de Lazare de Béthanie. L’église Saint-Lazare, construite entre 1120 et 1195, est d’abord un lieu de vénération des reliques. Elle partage le rang de co-cathédrale avec l’église Saint-Nazaire jusqu’au XVIIIe siècle où elle devient alors la « seule » cathédrale d’Autun.

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°28 (et dernier n° de l'été 2020) : SAINT-LAZARE D'AUTUN, LA PERLE DE LA BOURGOGNE
Une église de pèlerinage

La première cathédrale de la ville était sous le patronage de saint Nazaire. Vers 990 l’évêque Gérard fit venir des reliques d’un certain Lazare. Il ne fallut pas longtemps pour que la croyance populaire identifie ce Lazare à Lazare de Béthanie, l’ami de Jésus.

 

Très vite un pèlerinage s’organise et des foules se pressent dans la cité bourguignonne. La cathédrale Saint-Nazaire ne pouvant contenir la forte affluence, décision est prise de bâtir une église de pèlerinage consacrée au frère de Marthe et Marie de l’Évangile.

 

La construction commence en 1120. Elle est inspirée de la troisième abbatiale de Cluny (à seulement 80 kilomètres d’Autun), dont elle reprend l’élévation et le voûtement. Elle est achevée en 1195. A la fin du XIIIe siècle, les voûtes sont renforcées par des arcs-boutants. La nef de la cathédrale est la plus grande nef clunisienne encore existante. Saint-Lazare sera co-cathédrale avec Saint-Nazaire dès la fin du XIIe siècle, puis le délabrement de Saint-Nazaire la fait devenir l’unique cathédrale à partir de 1720.

 

1766 peut être considérée comme « l’annus horribilis » de toute l’histoire de la cathédrale. Des incendies et des catastrophes détériorent le bâtiment, cette année-là, mais les ravages sont organisés par les… chanoines eux-mêmes, qui souhaitent tout redécorer en style néo-classique. Le reliquaire qui s’élève dans le chœur, une église miniature avec plan basilical, clocheton et corniches à inscriptions autour du sarcophage central, est détruit. Tout comme le décor sculpté qui représentait la résurrection de saint Lazare en marbres polychromes blanc, rouge et noir. Le merveilleux tympan est recouvert de plâtre  : il est considéré d’un goût barbare et primitif. Le tympan du portail nord et le jubé gothique sont, eux démolis ! Au XIXe siècle, Viollet-le-Duc, encourage la restauration de la cathédrale : le tympan du narthex est restauré, les piliers renforcés, les toitures refaites. La cathédrale bénéficie depuis 1949 du titre de basilique mineure. Au long des années 2000, d’importants travaux de restauration sont mis en œuvre. Aujourd’hui, la cathédrale est reconnue comme l’une des merveilles de l’art roman de Bourgogne.

 

Le tympan roman
Tympan de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun. Gaudry Daniel/Creative Commons

Tympan de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun. Gaudry Daniel/Creative Commons

L’ensemble date des années 1130-1135 et est attribué à un certain Gislebertus, qui l’a signé. Cependant, il n’est pas impossible que la signature de Gislebertus concerne Gilbert de Chalon, comte des Bourguignons et bienfaiteur de l’église au Xe siècle. Les sculptures étonnent par leurs reliefs et par les formes allongées des personnages. Le magnifique tympan était polychrome à l’origine, avec des pièces de verre pour les yeux des personnages.

 

Il présente un Jugement dernier. Le Christ en majesté trône dans sa mandorle. Sa tête, détruite pendant le plâtrage de 1766, a été remise en place en 1948. La mandorle porte plusieurs inscriptions latines, dont : « Seul, je dispose toute chose, seul, je couronne le mérite ». Elle est soutenue par quatre anges. En haut, deux disques représentent le soleil et la lune.

 

À gauche du Christ (sur sa main droite), on trouve neuf apôtres dans le ciel avec à gauche saint Pierre reconnaissable à sa clé. Il est tourné vers le paradis, dont il protège l’entrée. En haut du tympan, la Vierge Marie est assise sur un trône dans la gloire du ciel. À droite du Christ, l’enfer avec plusieurs scènes affreuses de damnés dévorés par des diables, des monstres, le Léviathan… On y voit aussi deux damnés dans une chaudière et une femme avec un serpent dévorant ses seins !

 

Le linteau a pour thème la résurrection des morts. Les ressuscités sortent de leurs cercueils. Au centre, un ange porte une épée. Entre les élus, à gauche, on voit deux évêques avec crosse et chasuble, trois enfants entourant un ange, deux pèlerins de Jérusalem et de Saint-Jacques-de-Compostelle, avec la croix et la coquille, et des moines.

 

Trois rangs de voussures entourent le tympan. La première est vide : détruite en 1766, elle présentait autrefois les rois d’Israël et les 24 vieillards de l’Apocalypse. La deuxième voussure montre des motifs végétaux. La troisième se compose de 31 médaillons qui représentent les travaux des mois alternant avec les signes du zodiaque. Les belles sculptures représentent le calendrier du travail des paysans, les saisons, les signes astrologiques et quelques motifs floraux. Le trumeau qui soutient le linteau a été refait au XIXe siècle ; on y voit trois statues-colonnes de Lazare et de ses sœurs, Marthe et Marie.

Les petits chanteurs à la Croix de bois

 

Après une période critique et grâce à un nouveau directeur artistique et une nouvelle société de production, le célèbre chœur d’enfants s’est installé à Autun (Saône-et-Loire). Le plan de sauvetage de la maîtrise n’est pourtant pas encore totalement bouclé. Fondée en 1907 par Paul Berthier et Pierre Martin, longtemps dirigée par l'abbé Fernand Maillet, la maîtrise s’était implantée dans différentes villes, notamment à Paris. En 2013 elle s’installe à Autun et se fixe comme objectif de maintenir une excellence musicale dans une perspective de mission d’évangélisation. Profitant de la notoriété de leur marque, les Petits chanteurs ont enregistré un disque en 2019 chez Bayard-Musique.

 

Sébastien ANTONI

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