Conférence de l’Abbé Pierre Bonnet
sur la lettre apostolique du Pape François
sur la formation liturgique du Peuple de Dieu
Desiderio Desideravi
« J’ai désiré d’un grand désir »
du 29 juin 2022
Samedi 4 mars 2023, en cette après-midi de Carême, une vingtaine de paroissiens se sont retrouvés à la salle communale de Monbran, pour écouter la conférence de l’Abbé Bonnet sur la lettre apostolique « Desiderio desideravi » du Pape François sur la formation liturgique du Peuple de Dieu.
Auditoire très intéressé et très attentif qui a pu profiter de ce beau moment d’écoute et de partage qui nous permet de faire grandir notre foi !
La messe célébrée à l’église Saint Jean-Baptiste de Monbran suivit cette conférence.
En voici quelques extraits …
Ce texte nous appelle à retrouver l’émerveillement devant le mystère pascal loin de toute polémique et vision idéologique.
Le Pape nous appelle à la Contemplation et à la beauté de la célébration chrétienne. Nos liturgies sont-elles belles, priantes, nous touchent-elles au cœur, nous révèlent-elles Dieu ?
Le motu proprio Traditionis Custodes (16 juillet 2022)
Il est important de contextualiser le texte. Le Pape vient d’envoyer des directives aux Évêques le 16 juillet 2021 par la lettre apostolique motu proprio Traditionis Custodes accompagnée d’une lettre explicative.
Ce motu proprio porte sur l’usage de la liturgie romaine d’avant la réforme du Concile Vatican II. Il faut nous rappeler les tensions liées au schisme suite à l’ordination d’Évêques sans mandat pontifical par Mgr Lefebvre.
Un certain nombre de catholiques traditionnalistes ont désiré rester fidèles à l’Église Catholique et ne pas suivre Mgr Lefebvre. Des dérogations et des structures ont été créées par Jean Paul II et Benoît XVI pour faciliter la communion ecclésiale pour ces catholiques qui se sentent attachés à la liturgie antérieure au Concile Vatican II.
Trois ans après la publication de ces dérogations, une enquête a été réalisée sur l’utilisation du Missel Romain de Jean XXIII publié en 1962.
À l’issue de cette enquête, le Pape dans le motu proprio Traditionis Custodes a pris des décisions qui ont provoqué des crispations dans le monde traditionaliste.
Il affirme qu’à terme pour le rite Romain latin les livres liturgiques issus du Concile Vatican II seront la seule expression de la lex orandi (de la loi de la prière).
La Messe tridantine est appelée à terme à disparaître. L’Évêque diocésain est le seul à pouvoir autoriser l’utilisation du Missel Romain de 1962 de Jean XXIII suivant les orientations du siège apostolique.
En principe, il n’est pas possible désormais d’ériger de nouvelles paroisses personnelles. Seront pour le moment maintenues les paroisses personnelles existantes sous réserve de leur utilité effective.
Lors des célébrations, les lectures seront proclamées en langue Vernaculaire (du pays).
En principe, ne seront constitués de nouveaux groupes.
Une des raisons de la suppression du rite de Saint Pie V est que les fidèles n’assistent pas au mystère de la foi comme des étrangers ou des spectateurs silencieux mais avec une pleine compréhension des rites et des prières.
Le Pape par ses dispositions réaffirme qu’il a l’intention de rétablir l’unité dans toute l’Église de rite romain.
Dans la lettre apostolique Desiderio Desideravi le Pape décide pour bien rentrer dans le mystère eucharistique de donner quelques éléments de formation liturgique au Peuple de Dieu.
La lettre apostolique Desiderio Desideravi (29 juin 2022)
Le Pape après donc avoir expliqué le contexte de cette lettre, veut partager avec le Peuple Chrétien quelques réflexions sur la liturgie qu’il qualifie de dimension fondamentale pour la vie de l’Église.
Son but n’est pas d’être exhaustif mais de nous inciter à la Contemplation de la beauté et de la vérité de la Célébration Chrétienne.
Cette lettre n’est pas une instruction avec des normes spécifiques, elle veut apporter des pistes de réflexion pour comprendre la beauté de la Célébration liturgique et son rôle dans l’Évangélisation.
Il rappelle que la liturgie est la 1ère source dans laquelle les fidèles peuvent puiser l’authentique esprit chrétien.
Il demande que la beauté de la Célébration Chrétienne ne soit pas défigurée par une compréhension superficielle ou une instrumentalisation idéologique. Il insiste sur le danger pour la vie de l’Église de « la mondanité spirituelle ».
La Célébration n’appartient pas à l’individu mais à la totalité des fidèles unis dans le Christ. La liturgie ne dit pas « Je » mais « Nous ».
Par ailleurs, il ne faut pas confondre simplicité avec une banalité débraillée.
Mais ce qui est central c’est l’appel à l’intériorité.
L’homme moderne a perdu la capacité de s’engager dans l’action symbolique.
La 1ère tâche du travail de la formation liturgique c’est que l’homme doit retrouver sa puissance symbolique.
Pour ce faire, il doit avant tout retrouver confiance dans la Création.
Aussi l’éducation est nécessaire car la Célébration ne s’improvise pas.
Chaque fois que nous allons à la Messe c’est le Christ qui nous y appelle, c’est le Christ qui nous attend.
La foi est la rencontre avec le Christ ou elle n’existe pas, c’est la liturgie qui nous garantit de pouvoir la rencontrer.
Parmi les gestes rituels qui appartiennent à l’ensemble de l’assemblée, le silence occupe une place d’une importance absolue.
Le silence liturgique est le symbole de la présence et de l’action de l’Esprit Saint qui assume toute l’action de la Célébration.
Nous sommes devenus des incompétents symboliques.
Le Pape François insiste sur l’attention, l’humilité, notre condition de pécheurs et la gratuité du don de soi.
Dieu doit occuper la 1ère place, la formation liturgique sérieuse est vitale.
L’art de la Célébration ne s’improvise pas, il exige de la discipline et requiert la participation active de l’assemblée.
La beauté et la vérité conduisent à Dieu.