Pèlerinage diocésain du 20 au 24 mars 2023
Prêtre accompagnateur, Gérard Cousin - Diacre, Georges Morin
Abbaye de Lagrasse, Gérone, Montserrat, Barcelone
Souvent partir en pèlerinage, est un retour sur soi, pour se poser, se retrouver, mais aussi retrouver un dynamisme (étymologiquement une "force"). C’est répondre à un appel de Dieu, ce que la Providence a mis en œuvre. Dieu désire continuer son œuvre de création, une œuvre de salut de sanctification, et par là-même une œuvre de divinisation. Le pèlerinage est l’occasion de rencontres d’autres personnes qui ont le statut de pèlerins, autres chercheurs de Dieu, mais aussi la rencontre de lieux où la Parole de Dieu a produit du fruit à travers des histoires saintes qui rejoignent nos propres histoires humaines. Le silence, pas toujours facile à trouver en groupe, nous ouvre à une « Présence en nous, la Présence du mendiant de l’amour ».
Notre pèlerinage diocésain a sans doute commencé intérieurement, bien avant notre départ en car le 20 mars 2023, à l’espace Jean XXIII, 44 pèlerins diocésains dont 9 de la paroisse Sainte-Marie en Agenais. Les regards se croisent, personnes connues ou inconnues, mais tous "chercheurs de Dieu".
Notre première étape passait par l’abbaye Sainte-Marie de Lagrasse, près de Narbonne où vit la « communauté des chanoines réguliers de la mère de Dieu », selon la spiritualité de la règle de Saint Augustin. Après une visite « laïque » des lieux par l’Office du tourisme de Lagrasse, nous avons eu avec le Père Jean-Baptiste GOLFIER une visite de l’espace religieux et un échange sur le rayonnement de la communauté. Le Père Jean-Baptiste a évoqué le récit émouvant du sacrifice du colonel Arnaud BELTRAME, gendarme assassiné en 2018 à Trèbes après avoir offert sa vie contre la libération des otages, et ce, deux mois avant son mariage religieux préparé dans cette abbaye.
Le soir nous faisons étape à la maison diocésaine de Perpignan avec la célébration de l’eucharistie pour la fête de Saint Joseph. Le lendemain matin, mardi 21 mars, messe à 7h30 dans la chapelle Saint Jean-Paul II, aux magnifiques vitraux de style moderne et apuré. Départ pour l’abbaye de Montserrat. Nous faisons étape à Gérone, ville très pittoresque traversée lascivement par le fleuve Onyar. Visite de la cathédrale gothique si, remarquable par une nef unique, un baldaquin en argent repoussé du maître-autel et un rétable en argent doré, orné d’émaux de style gothique. En fin d’après-midi, nous arrivons à Montserrat, (« montagne sciée »), dans un décor lunaire en dents de scie (1236 mètres). L’imagination nous fait découvrir des formes surprenantes, (un éléphant, une femme enceinte, etc.). La roche est un conglomérat de calcaire, d’argile et de silex, aux couleurs rosées que l’érosion a façonné comme un gigantesque orgue. La statue de Notre-Dame est une vierge dite noire, de style roman et date du XIIème siècle ; elle porte l’enfant Jésus et tient un globe dans sa main droite. Elle est appelée également « trône de sagesse » en raison de son port hiératique. Bien qu’elle soit en bois de peuplier, les visages sont noirs en raison de l’oxydation. À la fin des offices (laudes et vêpres) une quarantaine de petits chanteurs nous émerveille par leurs voix angéliques en chantant notamment le pater Noster, le salve Regina,… L’après-midi, nous faisons le chemin de croix dont le déroulé a été écrit par Monseigneur HERBRETEAU.
Nous repartons le jeudi matin vers la maison des salésiens à Barcelone pour visiter la «Sagrada Familia » de Barcelone, remarquable œuvre architecturale d’Antoni GAUDÍ, commencée en 1882 et dont l’achèvement est prévu pour 2026. Nous célébrons l’eucharistie ici dans la crypte. Puis un guide nous fait découvrir les merveilles de ce monument unique. Le pape Benoît XVI l’a consacrée comme basilique le 7 novembre 2010. 18 tours composent cet édifice à la gloire du Christ et de la Vierge Marie. La «Sagrada Familia » sera l’église la plus haute du monde avec 172 m de hauteur.
L’après-midi, nous montons sur le mont « Tibidabo » qui surplombe Barcelone et sur lequel est édifiée une église appelée « temple expiatoire du Sacré-Cœur », située à 516 m d’altitude. C’est une œuvre commencée en 1906 par l’architecte Enric Sagnier i Villa et achevée par son fils en 1961. Plusieurs styles se côtoient : néo-byzantin, néo-roman, néo-gothique. C’est saint Jean Bosco qui en fit un ermitage pour la communauté salésienne..
Vendredi 24 mars après la messe, nous prenons le chemin du retour avec une étape au bord de l’étang de Bages (Aude) pour nous restaurer. Nous arrivons à Jean XXIII vers 18 heures, une grande paix dans le cœur, plein de souvenirs, sans doute changés intérieurement par nos célébrations, et les temps de prière, et surtout par l’amitié partagée. Nous allons regagner nos ports d’attache, retrouver les familles, les amis, en attendant peut-être un prochain pèlerinage.
NOTRE-DAME DE LAGRASSE :
MAISON DIOCÉSAINE AU DOMAINE DU PARC DUCUP À PERPIGNAN où nous avons célébré la messe de ce 20 mars; homélie de notre diacre Georges Morin :
Homélie de notre diacre Georges MORIN :
Homélie du 20 mars 2023. Fête de Saint-Joseph.
- Une promesse : un successeur au roi David
« Ainsi parle le Seigneur ». La parole du Seigneur est adressée par le prophète Nathan à David (2S. 7, 4). La parole du Seigneur est une promesse : le Seigneur s’engage ; ce n’est pas une parole en l’air, mais la confirmation de l’Alliance qu’il a établie avec son peuple, c’est-à-dire avec nous-mêmes qui sommes les héritiers. Cette promesse est destinée au roi David, c’est l’annonce « d’un successeur qui naîtra de lui ». Par trois fois, le Seigneur s’engage avec force :
- « je rendrai stable sa royauté ».
- « Je rendrai stable pour toujours son trône royal »
- « ton trône sera stable pour toujours ».
Le psaume 88 le réaffirme : « ta fidélité est plus stable que les cieux ». L’engagement de Dieu n’est pas éphémère, mais il est de toujours à toujours. C’est cette même affirmation par trois fois que nous avons entendue dans le 2e livre de Samuel et le psaume 88 redit cette fidélité du Seigneur : « ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge »… « Je bâtis un trône pour la suite des âges » ; « sans fin je lui garderai mon amour ».
Non, Dieu ne bégaie pas, non, Dieu ne radote pas : ce qu’il nous dit par les prophètes n’est ni plus ni moins qu’un enseignement, et l’ouverture de notre intelligence, fruit de l’Esprit Saint qui nous a été donné par pure grâce.
- La réalisation de cette promesse : Joseph fils de David
La promesse s’est accomplie en Joseph, et le prologue de l’Évangile selon Saint Matthieu est ainsi mentionné : « Livre de la genèse de Jésus, Messie, fils de David, fils d’Abraham ». Il s’agit aussi de la référence au livre de la Genèse dans la Bible : Jésus prend la place du 1er homme Adam, avant le péché originel. Matthieu (1, 6) donne la généalogie de Joseph : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus qu’on appelle Christ ». Joseph est un homme de foi parce qu’il est le descendant d’Abraham le père des croyants. L’Évangile le rappelle : il est « l’époux de Marie », « qui était un homme juste », c’est-à-dire qui entre dans le projet de Dieu. Ce qui fait le mariage, c’est la parole donnée, l’alliance d’un homme et d’une femme de façon contractuelle, selon la loi juive, « avant qu’ils aient habité ensemble ».
L’ange Gabriel est envoyé à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph de la famille de David. Cette jeune fille s’appelait Marie, nous dit Saint Luc (Lc 1, 18). « Elle fut enceinte pas l’action de l’Esprit Saint ». Sans doute, Joseph perçoit-il le mystère de Dieu qui le dépasse, et « décida de la renvoyer en secret ». Comme Marie qui dans son magnificat s’exclame : « il s’est penché sur l’humilité de sa servante », Joseph a pu dire en lui-même : « le Seigneur s’est penché sur l’humilité de son serviteur ». Annonciation faite à Joseph de la part de l’ange : « ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse, l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Joseph se réveillant, « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». Ainsi Joseph est le modèle parfait de l’obéissance. Après le fiat de Marie, c’est le fiat de Joseph : « qu’il me soit fait selon ta parole ».
En poussant plus avant notre réflexion, Marie et Joseph s’inscrivent dans le plan de Dieu et ce, dès la création. De toute éternité, Dieu avait choisi cette jeune fille pour être « la mère » de l’Homme - le fils de Dieu. On peut affirmer sans hésiter que Joseph a été l’homme parfait pour être auprès de Marie « l’Époux », le père nourricier, le gardien de la Sainte Famille, le modèle de l’obéissance. Sans hésiter, il est docile à la Parole de Dieu : « prends l’enfant et sa mère et va en Égypte pour échapper au massacre des saints innocents. »
Joseph comme Marie, fait une la volonté divine, parce que l’un comme l’autre sont vides d’eux-mêmes, sans la moindre parcelle d’égoïsme. Ces par ce qu’ils sont dans cet état d’accueil parfait qu’ils les ont pu recevoir le don de Dieu. « Que ta volonté soit faite » disons-nous dans le Notre-Père. Par le « oui » de Marie, par le « oui » de Joseph, nous sommes les invités d’aussi à apprendre à dire « oui ». En ce premier jour de pèlerinage, marchons sur les pas de Joseph, soyons attentifs à la Parole de Dieu qui nous renouvelle dans la foi… Comme Joseph, ne craignons pas de prendre chez nous, et en nous, la mère du Fils de Dieu car l’Esprit Saint nous engendre et nous guide sur le chemin du salut.
AMEN.
GÉRONE :
NOTRE-DAME DE MONTSERRAT où nous avons célébré la messe de ce 22 mars; homélie de notre diacre Georges Morin :
Photos :
Homélie de notre diacre Georges MORIN :
Messe du mercredi 4ème semaine de Carême
Homélie du 22 mars 2023
[Textes : Isaïe 49, 8-15 ; Psaume 144, 8-9.13cd-14.17-18 ; Évangile Jn 5, 17-30].
La première lecture est tirée du chant du serviteur. Israël est la lumière des autres peuples. Dans le texte qui précède ce passage, il est écrit : « Le Seigneur m’a formé dès avant ma naissance pour que je sois son serviteur. Il veut que je ramène vers lui les enfants de Jacob, que je rassemble le peuple d’Israël. »
La mission du serviteur que nous avons entendue dans la première lecture, est de favoriser le retour des Israélites exilés à Babylone.
Pourquoi ?
- Parce que le Seigneur est fidèle ;
- quand le jour du salut est arrivé, je suis venu à ton secours ;
- c’est moi qui t’ai façonné ;
- en toi, je réalise mon alliance avec le peuple ;
- je vais relever le pays ; je vais de nouveau distribuer les parts de cette terre dévastée ;
- je dis aux prisonniers des ténèbres, c’est-à-dire ceux qui sont désespérés : « sortez, venez à la lumière. Vous trouverez de la nourriture pour vos troupeaux, le long des routes, sur les collines dénudées ». Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif. Ils ne souffriront plus du vent brûlant du désert, ni du soleil. Le Seigneur conduira le peuple avec compassion, il les guidera vers les sources fraîches. Je changerai les chemins de montagne en chemins faciles, je referai les routes.
Telles sont les paroles prophétiques que le Seigneur adresse à son peuple par la voix d’Isaïe. Telles sont les paroles que le Seigneur nous adresse aujourd’hui dans notre monde déchiré, mais aussi dans les vicissitudes de nos vies. Le rôle du prophète est de dire une parole de Dieu pour nous-mêmes, pour chacun de nous au cours de ce pèlerinage.
Miracle ou signe : le Seigneur voit revenir les exilés de loin, du Nord, de l’Ouest et du Sud. Ce ne sont que des cris de joie, d’exultation ; car le Seigneur console son peuple, il a pitié des malheureux. Jérusalem pensait que le Seigneur l’avait abandonnée, oubliée. Comme l’image d’une mère pour son enfant, le Seigneur ne peut oublier le peuple qu’il porte dans ses entrailles. Pour nous, pour chacun de nous, même si nous passons par des moments de détresse, de désolation, jamais le Seigneur ne pourra nous laisser tomber. Tel est notre Dieu fidèle. « Car il est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (psaume 144). Il a écrit notre nom dans la paume de ses mains.
Dans l’Évangile, le Christ affirme : « mon Père est toujours à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre ». Depuis les origines, Dieu est le créateur. Il n’a cessé de créer, même s’il a confié à l’homme sa Création ; Dieu n’est pas indifférent à notre terre. Et le Christ, vrai Dieu, car Fils de Dieu, participe à la Création. Ce sera d’ailleurs un des deux motifs de sa condamnation par les Juifs pour blasphème car il se faisait l’égal de Dieu.
Il y a symbiose entre le Père et le Fils : « le Fils ne peut rien faire de lui-même il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père. Ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait ».
Pour nous aujourd’hui, nous sommes appelés dans notre pèlerinage à faire tout ce que le Fils a vu faire par le Père. Ne sommes-nous pas frères du Christ par notre baptême ? À nous de faire ce que le Christ nous a enseigné. Ne sommes-nous pas aussi capables de faire des « choses encore plus grandes », comme le dit le Christ dans l’Évangile selon saint Luc ? À condition d’avoir la foi « comme une graine de moutarde » (Lc 17, 6). Ne cherchons pas à faire notre propre volonté, mais la volonté de Celui qui a envoyé le Christ ! Et la volonté du Père, exprimée par le Fils, c’est que nous nous aimions les uns les autres, comme le Christ nous aimés. C’est cela le commandement nouveau depuis 2000 ans. N’attendons pas encore 2000 ans pour le faire !
Ce que je vois entre nous, pèlerins du diocèse d’Agen, c’est l’amour qui grandit en ce troisième jour, dans ce lieu extraordinaire où nous nous trouvons (Montserrat), où règne la paix que nous donne Notre-Dame, elle qui nous appelle à « faire tout ce que son Fils nous dira ». Comme aux noces de Cana, Marie nous invite à être les « serviteurs quelconques » chargés de remplir les six jarres avec l’eau qui deviendra le vin nouveau, celui de la vie éternelle.
AMEN
BARCELONE :
La "Sagrada Familia" et le "Tibidabo" :