Faire ressortir les trésors cachés de leurs communautés, pratiquer le discernement communautaire et partager la fraternité entre prêtres et évêques: ce sont les trois principales recommandations que le Pape François a partagées dans une lettre avec les curés à l'issue de la rencontre internationale «Les curés pour le Synode». Le Saint-Père a invité ceux qui y ont participé à poursuivre et transmettre ce qu’ils ont vécu et appris ces jours derniers.
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Ces curés exercent leur ministère dans des contextes très différents, des périphéries des grandes mégalopoles aux territoires quasi déserts, des communautés jeunes à celles vieillissantes. «Les curés connaissent très bien tout cela, ils connaissent de l’intérieur la vie du Peuple de Dieu, ses peines et ses joies, ses besoins et ses richesses», écrit le Pape dans sa missive.
C’est pourquoi, estime l’évêque de Rome, «une Église synodale a besoin de ses curés: sans eux, nous ne pourrons jamais apprendre à marcher ensemble», et «nous ne deviendrons jamais une Église synodale missionnaire si les communautés paroissiales ne font pas de la participation de tous les baptisés à l’unique mission d’annoncer l’Évangile le trait caractéristique de leur vie».
D’où l’exhortation aux curés du Saint-Père à être «des constructeurs d’une Église synodale missionnaire», car les communautés paroissiales doivent devenir de plus en plus des lieux «où les baptisés partent comme disciples missionnaires et vers où ils reviennent pleins de joie pour partager les merveilles opérées par le Seigneur à travers leur témoignage». Les curés doivent donc accompagner leurs communautés et s’engager «par la prière, le discernement et le zèle apostolique» afin que leur ministère soit adapté aux exigences d’une Église synodale missionnaire.
Le Pape invite ainsi les curés à vivre leur «charisme ministériel spécifique de plus en plus au service des dons multiformes répandus par l’Esprit dans le Peuple de Dieu». Il leur faut urgemment «découvrir», «encourager» et «valoriser» les différents charismes de leurs paroissiens afin de faire ressortir les «nombreux trésors cachés» et se retrouver moins seuls «dans la grande tâche d’évangéliser», en faisant «l’expérience de la joie d’une paternité authentique qui ne domine pas mais qui fait ressortir chez les autres, hommes et femmes, beaucoup de potentialités précieuses».
François suggère aussi aux curés «d’apprendre et de pratiquer l’art du discernement communautaire, en utilisant pour cela la méthode de la conversation dans l’esprit» en usage pendant la première session du synode. Enfin, il recommande de «mettre à la base de tout le partage et la fraternité» entre les curés et leurs évêques, car «nous ne pouvons pas être d’authentiques pères si nous ne sommes pas avant tout fils et frères. Et nous ne serons pas en mesure de susciter la communion et la participation dans les communautés qui nous sont confiées si avant tout nous ne les vivons pas entre nous».
Dernière invitation du Saint-Père, spécifiquement adressée aux curés ayant participé à ces rencontres cette semaine: «être missionnaire de synodalité», partager l’expérience vécue, animer la réflexion sur le renouveau du ministère paroissial et permettre au Secrétariat général du Synode de recueillir leur contribution «irremplaçable», et continuer à parler car, insiste François, «nous avons besoin de continuer à vous écouter».
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Vianney Groussin - Cité du Vatican
Comment être une Église synodale à l’échelle locale? C’est la question à laquelle tentent de répondre des prêtres du monde entier réunis pour quelques jours à Sacrofano, près de Rome. Depuis lundi 29 avril, ils participent à des ateliers en petits groupes, et reçoivent des enseignements de la part d’experts et de membres du Conseil pour le synode. Leur réunion se terminera le jeudi 2 mai par une rencontre avec le Pape.
Il est rare que des curés de paroisse de tous les continents se retrouvent pendant plusieurs jours, alors ils comptent bien en profiter pour vivre un beau moment ensemble. Le père Julien Dupont du diocèse de Poitiers est l’un des quatre prêtres français présents pour la rencontre, et il est «heureux de pouvoir rencontrer des confrères du monde entier». Il est curé dans la paroisse de Niort, et vient à cette rencontre avec une «attente réelle» d’échanger «de bonnes pratiques, de bonnes manières de collaborer, de décider, de travailler ensemble». Il en va de même pour le père Daniel Ouellet, du diocèse de Sainte-Anne de la Pocatière au Canada, qui souhaite «vivre une belle communion». «Je m'attends à avoir une fraternité, un accueil, une écoute aussi, et à partager ce qu'on vit. Ce que je vis au Québec est bien différent d'un autre prêtre qui va vivre son ministère de curé en Afrique. Alors, on doit se parler, vivre une communion, communier les uns aux autres, bien sûr, dans l'écoute, puis dans la participation, la mission, la prière également».
S’ils sont venus ici, c’est parce que les curés de paroisse sont les premiers artisans de la démarche synodale. «L'Église est découpée dans un territoire, et par cet enracinement local, elle est le premier lieu d'expérience, d'expertise et de propositions de la vie chrétienne», explique le père Dupont. «Elle est enracinée dans le territoire par l'intermédiaire des paroisses. Et donc, en effet, il est important que ces paroisses vivent déjà ce sens du gouvernement, de la collégialité et du travail commun».