Ce dimanche 2 juin, nous célébrons la fête du Corps et du Sang du Seigneur, autrement appelée Fête du Saint-Sacrement ou, en France, Fête-Dieu. Cette fête a été instituée en 1264 par le pape Urbain IV qui la rendit obligatoire pour l’Église universelle. Les oraisons et les hymnes de ce jour ont été écrites par saint Thomas d’Aquin.
Ce trésor qu’est la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement
Pourquoi une telle fête, alors qu’on célèbre l’Eucharistie chaque dimanche (et même chaque jour) et que bien évidemment on y vénère le Corps du Christ ? Sans doute pour nous rendre plus attentif à ce trésor qu’est la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement. Le Jeudi saint, nous célébrons l’institution de l’Eucharistie, mais en insistant surtout sur la messe comme sacrifice, dans le mouvement du mystère pascal. Le jour de la Fête-Dieu, l’accent est mis sur la présence réelle. Car, nous le croyons, à la messe, par la consécration, toute la substance du pain et du vin sont changées, pour devenir la substance du Corps et du Sang du Seigneur, c’est-à-dire le Christ tout entier, en son âme et son corps, son humanité et sa divinité. Voilà un grand miracle : l’hostie consacrée n’est plus du pain, c’est Jésus vraiment présent. « Il est là, dans le sacrement de son amour, il est là, celui qui nous aime tant ! », s’exclamait, d’une voix serrée par l’émotion, le curé d’Ars.
Nous émerveiller
Cette présence de Jésus pour nous doit susciter en nous des sentiments et des actes de reconnaissance, de louange et d’amour. Saint Augustin, dans les premiers temps de l’Église, l’exprimait déjà : « Que personne ne mange cette chair sans d’abord l’adorer ». Nous n’aurons jamais fini de nous émerveiller devant ce don immense que le Christ a fait à son Église et à chacun de nous.
Cette présence du Christ dans l’Eucharistie est une des réalisations de la promesse que Jésus fit à ses disciples : « Moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Elle n’est certes pas la seule manifestation de la présence du Christ : nous le savons, il est là quand deux ou trois sont réunis en son nom, ou bien dans les plus petits de nos frères. Mais la présence eucharistique nous aide à mieux discerner le Christ présent à chaque instant de nos vies. Il n’y a donc pas lieu d’opposer adoration et service du frère. Songeons à Mère Térésa, qui disait : « Depuis que nous avons commencé cette adoration du Saint Sacrement, nous n’avons pas diminué notre travail, nous y consacrons autant de temps qu’auparavant, mais avec plus de compréhension pour nos frères les pauvres ».
Les processions : un acte public de foi
Dimanche, nous célèbrerons donc le Saint-Sacrement avec une solennité particulière. Mais ce jour-là est parfois proposée aussi une procession. Le code de droit canonique (Can 944 §1) dispose que « là où l’Évêque diocésain le juge possible, en témoignage public de vénération envers la très sainte Eucharistie, une procession sera organisée dans les rues, surtout au jour de la solennité du Corps et du Sang du Christ ». Cette procession, trop abandonnée aujourd’hui, revêt de nombreux sens. D’abord elle est un témoignage public de foi, et nul doute qu’en ces temps où Dieu est oublié de bien des hommes, nous avons besoin de sortir de nos églises pour témoigner du Christ. Ensuite, elle exprime l’amour de Jésus pour chaque homme : comme jadis sur les chemins de Palestine, le Christ passe dans nos rues et bénit ceux qui y vivent. Enfin, elle manifeste le mystère de l’Église, ce peuple de Dieu en marche à la suite de Jésus présent au milieu de nous. L’Eucharistie est en effet un mystère ecclésial : elle construit l’Église.
Puissions-nous, en cette fête du Saint-Sacrement, renouveler notre amour pour l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Méditons la prière du Tantum ergo, écrite par saint Thomas d’Aquin :
Il est si grand, ce sacrement !
Adorons-le, prosternés.
Que s’effacent les anciens rites
Devant le culte nouveau !
Que la foi vienne suppléer
Aux faiblesses de nos sens !
Au Père et au Fils qu’il engendre
Louange et joie débordante,
Salut, honneur, toute-puissance
Et toujours bénédiction !
A l’Esprit qui des deux procède
soit rendue même louange. Amen.
ÉVANGILE du jour (Mc 14, 12-16.22-26) Le premier jour de la fête des pains sans levain, Pendant le repas, Après avoir chanté les psaumes, |
MÉDITATION de l'Évangile
La fête du Saint Sacrement, aujourd’hui, nous reconduit à l’origine du mystère de l’Eucharistie : Jésus se donne à ses disciples dans son corps et son sang, il anticipe déjà le don de lui-même qu’il fera le lendemain en mourant sur la Croix. Nous entendons dans cet évangile le très grand soin que Jésus met dans la préparation de ce repas. Il envoie ses disciples faire les préparatifs dans un lieu adapté. Il donne des instructions précises, dans un scénario millimétré. Ce n’est certainement pas pour se mettre en valeur, mais Jésus veut que le don qu’il fait soit accueilli et compris par ses disciples. Nous-mêmes, aujourd’hui, nous recevons, dimanche après dimanche, jour après jour, ce don que Jésus nous fait de lui-même. En ce jour de fête, nous pouvons demander cette grâce d’être renouvelés dans notre amour de l’Eucharistie et de l’accueillir dans un cœur et une vie aussi bien préparés que le dernier repas de Jésus a pu l’être.
Exvangile commenté par le Père Alain de Boudemange |