Chers amis,
(...) Vous avez participé au plus grand événement sportif international : les Jeux olympiques. Sur cette scène, vous vous êtes confrontés à d’autres athlètes venant de presque tous les pays du monde. Vous vous êtes défiés sur le terrain de la combattivité et des habilités techniques, mais avant même cela, sur celui des qualités humaines, mettant en jeu vos dons et vos capacités, acquis par l’application et la rigueur dans la préparation, la constance dans l’entraînement, la conscience de vos limites. Loin des projecteurs, vous vous êtes soumis à une rude discipline et certains d’entre vous ont pu voir reconnue ensuite la valeur qu’ils ont acquise.
(...) Mais à vous, les athlètes, il n’a pas seulement été demandé de faire de la compétition et d’obtenir des résultats. Toute activité sportive, que ce soit au niveau amateur ou professionnel, exige la loyauté dans la compétition, le respect de son propre corps, le sens de la solidarité et de l’altruisme, ainsi que la joie, la satisfaction et la fête. Tout cela présuppose un chemin de maturité humaine authentique, fait de renoncement, de ténacité, de patience et surtout d’humilité, que personne n’applaudit mais qui est le secret de la victoire.
Pour que celui qui pratique un sport puisse lui donner tout son sens, il faut que celui-ci soit toujours au service de la personne. L’enjeu n’est alors pas seulement le respect des règles, mais la vision de l’homme, de l’homme qui fait du sport et qui, en même temps, a besoin d’éducation, de spiritualité et de valeurs transcendantes. Le sport est en effet un bien éducatif et culturel, capable de révéler l’homme à lui-même et de l’amener à comprendre la valeur profonde de sa vie. (...) En somme, une culture du sport fondée sur le primat de la personne humaine ; un sport au service de l’homme et non pas l’homme au service du sport.
L’Église s’intéresse au sport, parce que l’homme lui tient à cœur, tout l’homme, et elle reconnaît que l’activité sportive a une incidence sur l’éducation, la formation de la personne, les relations et la spiritualité. En témoigne la présence d’espaces ludiques et sportifs dans les paroisses et dans les centres pour les jeunes: (...) des lieux d’apprentissage d’humanité, des lieux de rencontres où cultiver ce désir fort de vie et d’infini qui est dans le cœur des adolescents et des jeunes.
L’athlète qui vit intégralement son expérience devient attentif au projet de Dieu sur sa vie, apprend à écouter sa voix dans les longs temps d’entraînement, à le reconnaître dans le visage de ses compagnons, et aussi dans celui de l’adversaire de compétition ! Quand elle est vécue en plénitude, l’expérience sportive (...) sait éduquer aux valeurs humaines et encourage l’ouverture à la transcendance. Je pense donc à vous, chers athlètes, comme à des champions-témoins, avec une mission à accomplir : puissiez-vous être, pour ceux qui vous admirent, des modèles valables à imiter.
(...) L’activité sportive peut éduquer aussi la personne à une combattivité spirituelle, c’est-à-dire à vivre chaque jour en essayant de faire que le bien soit vainqueur du mal, la vérité du mensonge, l’amour de la haine, et cela tout d’abord en soi-même. Si l’on pense ensuite à l’engagement de la nouvelle génération, le monde du sport peut aussi être considéré comme un « parvis des gentils » moderne, c’est-à-dire une occasion précieuse de rencontre ouverte à tous, croyants et non-croyants, où expérimenter la joie et même la fatigue de la confrontation avec des personnes différentes par leur culture, leur langue et leur orientation religieuse.
Je voudrais conclure en évoquant la figure lumineuse du bienheureux Pier Giorgio Frassati : c’était un jeune qui faisait l’unité en lui entre sa passion pour le sport -il aimait particulièrement les ascensions en montagne -et sa passion pour Dieu. (...) Il nous montre qu’être chrétien signifie aimer la vie, aimer la nature, mais surtout aimer son prochain, en particulier les personnes en difficulté. Je souhaite à chacun de vous de goûter la joie la plus grande : celle de s’améliorer de jour en jour, en réussissant à aimer toujours un peu plus. (...)
Benoît XVI,
discours aux athlètes italiens
ayant participé aux J.O. de Londres 2012,
18 décembre 2012