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27 septembre 2020 7 27 /09 /septembre /2020 08:58
TÉMOIGNAGE : CÉCILE ET FRANÇOIS-PAUL, UN COUPLE À L'ÉPREUVE DU CANCER - PRIÈRE D'ABANDON DE CHARLES DE FOUCAULD

Source :Aleteia

 

Le 26 septembre 2016, Cécile Fardin rejoignait la maison du Père à l’âge de 35 ans après s’être battue contre un cancer situé sur une glande salivaire. Son mari, François-Paul, confie à Aleteia un magnifique témoignage de foi et d’espérance.

 

Veuf depuis quatre ans et père de quatre enfants âgés de 11 à 5 ans, François-Paul Fardin a été profondément marqué par la force et la foi dont a fait preuve son épouse alors atteinte d’un cancer. Il témoigne aujourd’hui de ce qu’il a « perçu de ce qui se passait dans son cœur, de ce qu’elle a donné aux autres, et aussi des clins d’œil du Seigneur ». Enceinte lorsqu’elle a appris sa maladie, elle a vécu un chemin de croix personnel durant 14 mois -14, comme le nombre de stations- durant lequel elle a associé sa douleur à celle du Christ.

 

Énergique et combative, en particulier pendant la maladie, la jeune mère de famille avait des fragilités dont elle était pleinement consciente « mais elle décidait d’avancer avec ces fardeaux, de repartir après chaque chute ». Humaine, elle l’était aussi. Tout d’abord par ses tristesses, lorsqu’elle pensait à la mort. Parce qu’elle souffrait de sa dépendance et de son infirmité -difficile de se retrouver privée de l’usage de la parole lorsqu’on est orthophoniste!- Et parce qu’il lui arrivait de se mettre en colère, parfois, contre les incertitudes médicales, les maladresses de son mari ou contre tout ce qui exaspère le commun des mortels comme « les rigidités de la Poste » ! Cécile avait aussi des préoccupations de mère de famille soucieuse de faire tourner la maison même quand elle ne serait plus là. Elle prévoyait « l’après » et a notamment conseillé à François-Paul de prendre une jeune-fille pour l’aider pendant les vacances. Elle a aussi pensé à enregistrer ses récits de naissances de ses enfants.

 

“La prière était son arme principale”

Ayant toujours le souci de l’autre, discrète mais efficace, Cécile faisait preuve d’une grande charité. Elle se montrait à l’écoute des intentions et des difficultés de ses proches. Elle notait les intentions de prière qu’elle portait seule, en couple ou lors de la prière des mères. Même épuisée elle parvenait à trouver l’énergie pour être présente aux autres, et prendre le temps nécessaire pour écouter et réconforter.

 

Cécile avait un carnet dans lequel elle écrivait ses notes. En février 2016, elle a rédigé une phrase de saint Paul : « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu » (Rm 8, 39). Quand elle était en bonne santé, elle se plaignait de ne pas prier assez et de ne plus lire d’écrits spirituels. « Le temps que lui a laissé la maladie lui a permis de lire et prier à nouveau », rapporte son mari. « La prière était son arme principale pour lutter. Nous avons fait de la prière du Bienheureux Charles de Foucauld (1) notre prière conjugale », raconte François-Paul. Quelques semaines avant de mourir, la douleur devient intenable et son mari veut l’emmener aux urgences. « Ça ne sert à rien, il faut prier », déclare sa femme qui récitait un chapelet quotidien depuis l’été.

 

Pendant cette période, Cécile a largement puisé dans les sacrements : la confession régulière qui la rend légère et joyeuse, le sacrement des malades -qu’elle a reçu plusieurs fois- et l’Eucharistie. « Jésus-Hostie était le miroir de sa pauvreté, elle en pleurait pendant les adorations, lors des élévations, mais elle éprouvait la joie de se sentir rejointe par le Créateur, à travers sa faiblesse ». Que ce soit en paroisse, à la maison, en pèlerinage ou devant la télévision, à chaque messe, sa force était renouvelée. « C’était très clair, je la trouvais plus apaisée, abandonnée et résolue », témoigne François-Paul à qui elle a demandé se faire dire des messes pour « ne pas qu’elle traîne au purgatoire ».

 

Le couple à l’épreuve de la maladie

Malgré la maladie, le couple continue de faire preuve d’une grande tendresse. Quatre jours avant sa mort, ils s’échangent un dernier au revoir. « J’entends encore ses derniers mots “mon amour”, quand j’ai ma tête sur son cœur, entre ses bras tout maigres, avant de ne plus pouvoir parler. Je ressens alors un sentiment de paix et de joie profonde, d’amour accompli. C’est un souvenir très doux pour moi. Cette année a été le sommet de notre vie conjugale, je me suis senti encore davantage chargé d’elle et elle aussi chargée de moi. Quand l’un flanchait, l’autre le réconfortait. Nous priions ensemble ou séparément l’un pour l’autre, et pour nos enfants. On dit que dans la vie spirituelle de couple, l’un dépasse l’autre et vice-et-versa Nous avons vécu cela, avec des aller-retours accélérés, elle était quand même souvent en tête ! ».

« La fleur que j’ai vu éclore, à la suite de cette démarche de foi, c’est une ferme espérance, l’abandon ou la confiance qui va avec », raconte le jeune veuf. Le dicton « à chaque jour suffit sa peine » a beaucoup porté Cécile, lui rappelant que nous sommes entre les mains de Dieu. « Les douleurs vécues dans la foi l’ont davantage affermie dans l’humilité, dans le sentiment qu’un chemin inconnu d’elle mais sous l’œil miséricordieux du Père était ouvert. Elle, si organisée, résolue, sage, a progressivement appris à lâcher prise. “A la grâce de Dieu” répétait-elle souvent. Nous priions sur la fin pour que la volonté de Dieu soit faite et non spécifiquement pour sa guérison ».

Avec l’espérance vient une plus grande communion des Saints. Le couple prie les saints-patrons de la famille, sainte Thérèse, les époux Martin, saint Jean-Paul II, le Padre Pio, Mère Teresa, Chiara Corbella Petrillo, une jeune maman italienne décédée d’un cancer de la langue en 2012. Ainsi, François-Paul et Cécile sont convaincus de « la vie active du Ciel ». Un des moments qui a le plus marqué le jeune papa fût la vision de Jean-Paul II et de sainte Thérèse qu’a eue Cécile une nuit. Un évènement confirmé par les soignants qui l’ont entendue parler en s’adressant à quelqu’un. Le plus bouleversant, c’est le dernier souffle de Cécile. Récitant en couple la prière d’abandon de Charles de Foucauld, elle s’éteint doucement, au moment de dire « amen ».

 

 

(1)  La prière d’abandon de Charles de Foucauld

STATUE DE CHARLES DE FOUCAULD À STRASBOURG

STATUE DE CHARLES DE FOUCAULD À STRASBOURG

Écrite en 1896 par Charles de Foucauld, la « prière d’abandon » était initialement une méditation autour de la toute dernière prière de Jésus à son Père : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46). Elle est aujourd’hui récitée quotidiennement par des milliers de personnes à travers le monde.

 

C’est une prière qui touche le cœur autant que l’âme tellement la simplicité des mots employés lui confère une profondeur lumineuse. Écrite en 1896 par Charles de Foucauld alors qu’il était encore simple moine trappiste sur le point de quitter son monastère, celle qui est devenue la « prière d’abandon » était initialement une méditation de Charles de Foucauld autour de la dernière prière de Jésus à son Père : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46).

 

Mon Père, je m’abandonne à toi,
fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.

 

Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi,
en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

 

Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur,
parce que je t’aime,
et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.

 

Comment est née La prière d’abandon de Charles de Foucauld ?

© Ciric – Jean-Michel Mazerolle

© Ciric – Jean-Michel Mazerolle

La prière d’abandon est l’une des plus belles prières écrites au XXe siècle.

 

Charles de Foucauld, alors qu’il se trouvait dans le monastère trappiste d’Akbès (Syrie) (1890-1896), a fait pour sa prière personnelle une série de méditations sur les Évangiles, qui font référence à la conversation de l’âme avec Dieu. Commentant Luc 23, 46 « Mon Père, je remets mon esprit entre Vos mains », Charles de Foucauld écrit : « C’est la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-Aimé… puisse-t-elle être la nôtre… Et qu’elle soit non seulement celle de notre dernier instant, mais celle de tous nos instants ».

 

Cette prière simplifiée est celle que disent tous les jours les disciples du frère Charles de Foucauld.

 

L’abandon à la Divine Providence

On pourrait se demander de quelle spiritualité s’abreuve Charles de Foucauld pour s’exprimer ainsi… Le prêtre et historien Jean-François Six croit que la « prière d’abandon » prend sa source directement du livre L'Abandon à la Divine Providence attribué par beaucoup au jésuite Jean-Pierre de Caussade (1675-1751) et il l’exprime comme suit :

 

« En parlant du livre du père de Caussade, LAbandon à la divine Providence, Charles de Foucauld disait qu’il était l’écrit qui avait marqué le plus profondément sa vie. Et on sait que la prière d’abandon écrite par le frère Charles suit cette voie » (Les Béatitudes aujourd’hui de Jean-François Six aux Éditions du Seuil).

 

Alors quel est le contenu de la maîtrise spirituelle du père de Caussade ? Le livre du prêtre et théologien Adrian Sosa Nuez, Approche théologique du concept de la Divine Providence (Aproximación teológica al concepto de Divina Providencia, ouvrage non traduit en français) fait une étudie en profondeur la question.

 

S’abandonner pour se laisser guider

Selon le professeur Adrian Sosa, l’abandon complet et absolu à la providence divine a été la principale raison de vivre de Jean-Pierre de Caussade et la note-clé révélée dans son ouvrage, LAbandon à la Divine Providence, qui a aidé à guider les âmes. Dans ce traité, il expose deux aspects différents de l’abandon à la Divine Providence : « a) comme une vertu commune et nécessaire pour tous les chrétiens ; b) comme un état propre aux âmes qui ont fait l’expérience particulière de l’abandon à la volonté de Dieu ».

 

Ainsi, la raison principale des écrits de Caussade est de répandre « ce qui est nécessaire et très important, se laisser aller à Dieu, parce que la divine Providence a prévu pour nous et, de fait, nous offre ». Pour le jésuite français, « l’action de Dieu est constante dans l’histoire de l’humanité et c’est pourquoi Dieu participe constamment à cette histoire, nous pouvons donc aussi la reconnaître comme une Histoire de Salut ».

 

Pour le père de Caussade, « Toutes les actions et moments des Saints sont l’Évangile du Saint-Esprit, où les âmes sont le papier, et les souffrances et les actions sont l’encre… Les livres que l’Esprit saint inspire de nos jours sont des livres vivants. Chaque âme sainte est un volume, et cet auteur céleste fait donc une véritable révélation de son œuvre intérieure, qui se manifeste dans tous les cœurs au fil du temps ».

 

Intelligence spirituelle ou intelligence divine

Il est intéressant de voir comment le père de Caussade fait référence à ce qu’aujourd’hui nous décrivons comme l’intelligence spirituelle : « Éclairés par l’intelligence divine, elle les accompagne à chaque étape, et elle les fait sortir des mauvais sentiers qu’ils ont empruntés par ignorance ». Ainsi, l’âme qui se trouve dans cet état « n’entreprend rien pour son propre désir. Elle sait seulement se laisser remplir par Dieu et se mettre entre ses mains pour servir comme Il le veut ».

 

La Divine Providence, par son action, possède l’âme de sorte que « dans toutes les choses que font ces âmes, elles ne sentent que le mouvement intérieur qui les guide, sans savoir pourquoi ». Enfin, notre auteur met en évidence la similitude des textes du père de Caussade avec le Concile Vatican II, étant donné que les deux affirment que « la vocation à la sainteté et la dignité chrétienne se trouvent dans le baptême, le sacrement qui nous rend chrétiens ».

 

Mais le père de Caussade, sans nier le pouvoir sanctifiant des sacrements, élargit et enrichit la vision de la sainteté chrétienne en parlant du « sacrement du moment présent ». Il s’agit de « ces choses que Dieu nous envoie à chaque instant et dont nous pouvons nous servir pour nous rapprocher de Lui. Par conséquent, aucune personne baptisée, catholique ou non, ne se sentirait exclue de l’invitation de Caussade à un véritable abandon à la providence divine ».

 

Et c’est ce dernier aspect du « sacrement du moment présent » que découvrira Foucauld grâce au père de Caussade, comme l’indique Antoine Chatelard, petit frère de Jésus, dans son livre Charles de Foucauld, le chemin de Tamanrasset, où il est stipulé que dans l’une des lettres écrites par Foucauld à son père spirituel Huvelin (1669), on voit « exactement la mise en œuvre de la spiritualité du moment présent, qu’il a découverte chez le P. Caussade. »

 

Concrètement, Foucauld écrit : « À chaque jour suffit sa peine ; faisons ce qu’il y a de mieux dans le moment présent ! Dans tous les moments qui arrivent et qui forment la vie, profitons de la grâce présente, des moyens que Dieu donne ; rien de mieux pour bien se préparer, pour profiter des futures grâces et les recevoir, que de bien faire usage des grâces présentes… »

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