© Handout / Vatican Media / AFP - Devenu pape, il continue d'aller à la rencontre des périphéries. Ici à la prison de Rebibbia de Rome, le 26 décembre dernier, après avoir ouvert une des cinq portes saintes du jubilé.
Le pape François a déjà parlé de lui à de nombreuses reprises dans des interviews ou de précédents ouvrages. Mais Espère restitue comme jamais son histoire, son tempérament, sa confiance dans l'avenir de l'Église. Cette autobiographie au style enlevé devait sortir après sa mort, mais a vu sa parution avancée pour entrer en résonance avec le jubilé, centré sur l'espérance.
Le livre débute comme un roman d'aventures, par le récit du naufrage d'un navire transportant, en 1927, des centaines de migrants piémontais vers l'Argentine. Les grands-parents de Jorge Bergoglio et celui qui allait devenir son père devaient faire partie du voyage. Pour des raisons financières, ils diffèrent la traversée. « C'est pour cela que je suis ici aujourd'hui », note le pape.
La partie la plus intéressante est sans doute la première moitié, qui retrace son enfance et sa jeunesse aux côtés de trois frères et d'une sœur plus jeunes dans le quartier de Flores, à Buenos Aires, un « kaléidoscope luxuriant d'ethnies, de religions et de métiers ». Les anecdotes foisonnent, dévoilant la richesse de ses amitiés, le rôle de sa grand-mère Rosa, ou l'aide que lui apporta une psychiatre pendant l'année où il transporta en cachette, dans sa voiture, des opposants à la dictature des généraux. Son intérêt pour la psychologie et la littérature est également abordé, comme sa passion du football. Sans oublier des lignes bouleversantes sur le sens spirituel du tango.
© AFP Photo/HO/Bergoglio family - Goût du service, simplicité dans les relations : deux traits marquants du futur pape.
Des clés pour comprendre
Le récit du conclave de 2013 laisse entrevoir des « manœuvres » qui ne sont pas sans faire penser, même de loin, au film Conclave (2024) d'Edward Berger. La crise des abus, en revanche, est traitée brièvement. François reconnaît avoir commis « beaucoup d'erreurs » quand il était supérieur provincial des jésuites en Argentine. Mais le lecteur n'en saura pas davantage, pas plus que sur d'autres, sensibles, comme le célibat des prêtres. Au fil des pages se dessine un homme fait d'une seule pièce, doué d'une attention de tous les instants pour retenir et méditer dans son cœur les événements de la vie. Un ouvrage clé pour comprendre ce pape qui entame l'ultime ligne droite de son pontificat.
« Une autobiographie n’est pas une affaire privée, mais plutôt un sac de voyage. La mémoire n’est pas seulement ce dont nous nous rappelons, mais ce qui nous entoure. Elle ne parle pas uniquement de ce qui a été, mais aussi de ce qui sera. La mémoire est un présent qui n’en finit jamais de passer, dit un poète mexicain. Cela semble hier, et en réalité c’est demain. »
Récit d’une vie tout entière vouée à la foi, Espère est la première autobiographie jamais publiée par un pape de son vivant. Le pape François avait d’abord souhaité que ce document exceptionnel ne paraisse qu’après sa mort, mais les exigences de notre temps l’ont résolu à rendre public ce précieux héritage.
Dans ce livre inspiré par le désir sincère de transmettre un message d’espoir aux générations futures, le Pape François ne masque rien de sa jeunesse, de ses passions, de ses hésitations et de ses échecs. Il évoque également les enjeux majeurs de son pontificat et les valeurs qui guident son action : la paix, la justice et la fraternité.
Contre la folie de la guerre et de la destruction qui frappent notre siècle, ce « roman d’une vie » constitue un testament moral et spirituel d'une force unique.