En vertu des règles très codifiées du Vatican, les 135 cardinaux électeurs se réuniront début mai entre les murs de la Chapelle Sixtine afin d’élire le prochain souverain pontife.

Après les douze années de règne du pape François , l’heure est venue d’élire son successeur. Cette nomination du prochain souverain pontife se déroulera durant le conclave qui réunit les 135 cardinaux électeurs - dont près de 80% choisis par François lui-même - entre les murs de la chapelle Sixtine. Il devrait débuter entre le 15^e et le 20^e jour après le décès du Pape, soit entre le 5 et le 10 mai.

Ces cardinaux qui affluent du monde entier procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l’après-midi. Les bulletins des deux scrutins et les notes prises par les cardinaux sont ensuite détruits et brûlés dans un poêle par le camerlingue, le cardinal assurant l’intérim entre deux papes. La cheminée, visible par les fidèles depuis la place Saint-Pierre, émettra une fumée noire si aucun pape n’a été élu et une fumée blanche en cas d’élection.

Parmi ces cardinaux électeurs, cinq sont français :

Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis

Christophe Pierre, âgé de 79 ans, mène une longue carrière en tant que nonce apostolique, c’est-à-dire un agent diplomatique du Saint-Siège, partout dans le monde. D’abord en Haïti dès 1995, puis en Ouganda en 1999 et au Mexique à partir de 2007, avant de rejoindre les États-Unis en 2016. Outre-Atlantique, il est devenu un «ardent défenseur de François», qui l’a nommé, rapporte le National Catholic Reporter, en servant les causes qui étaient chères au souverain pontife. Christophe Pierre a ainsi défendu la cause des migrants en participant à des manifestations à la frontière mexicaine. Un sujet important pour le pape François qui avait durement, et à plusieurs reprises, critiqué la politique anti-migrants de Donald Trump.

Christophe Pierre a grandi entre Saint-Malo, où il avait été ordonné prêtre pour le diocèse de Rennes, Madagascar et Marrakech. Avant d’être nommé cardinal en 2023, il avait été nommé archevêque en 1995 et diplômé de l’Académie pontificale ecclésiastique à Rome dans la foulée.

Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille

Élu président de la Conférence des Évêques de France le 2 avril dernier, Jean-Marc Aveline, 66 ans, figure parmi la liste des cardinaux qui pourraient succéder au pape François. Né en Algérie française en 1958, il a emménagé à Paris avec sa famille en 1966, avant de rejoindre Marseille après le décès de l’une de ses sœurs. En parallèle de ses études de théologie, il a été ordonné prêtre pour l’archidiocèse de Marseille en 1984. En 2013, il est nommé évêque par le pape François puis archevêque de Marseille en 2019 et finalement cardinal en 2022.

Jean-Marc Aveline a accueilli le Pape à Marseille en septembre 2023 dans le cadre de la troisième édition des Rencontres méditerranéennes, une semaine d’échanges autour des défis de la Méditerranée. Comme lui, il partage une vision d’un christianisme d’ouverture, favorable à une politique de tolérance envers les migrants et à un dialogue avec l’islam.

Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon

Philippe Barbarin, 74 ans, a été nommé cardinal par Jean-Paul II en 2003, après avoir été désigné archevêque de Lyon en 2002 et évêque de Moulins en 1998. Il a été soupçonné d’avoir été informé des abus sexuels commis par le père Bernard Preynat sur des mineurs et d’avoir gardé le silence. En première instance, il est condamné en 2019 dans le cadre de cette affaire mais a finalement été relaxé l'année suivante par la cour d’appel de Lyon.

En mars 2020, sa démission est acceptée par le pape François et il devient archevêque émérite de Lyon. Il annonce trois mois plus tard rejoindre l’archidiocèse de Rennes. Il devient aumônier de la maison mère des Petites Sœurs des Pauvres, où il donne des cours «sur l’Église».

Après des études en philosophie et théologie menée à Paris, Philippe Barbarin avait été ordonné prêtre en 1977 à Alfortville pour le diocèse de Créteil. Entre 1994 et 1998, il a vécu à Madagascar où il a enseigné la théologie.

Dominique Mamberti, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique

Il est celui qui aura l’honneur d’annoncer le nom du nouveau pape, le célèbre Habemus papam (du latin : «Nous avons un pape»), du haut du balcon de la place Saint-Pierre, à l’issue du prochain conclave. Dominique Mamberti, 73 ans, est le discret cardinal de Corse nommé en 2015 par le pape François. Il a été le ministre des Affaires étrangères de Benoît XVI. Diplomate de formation, Dominique Mamberti a occupé ce poste de nonce apostolique entre 2006 à 2014, comme représentant du Vatican en Algérie, au Chili, au Liban et à l’ONU.

Depuis 2014, le cardinal Mamberti est préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique. «Cette institution a deux responsabilités, explique celui qui a suivi des études civiles de droit à Strasbourg. D’une part, c’est un organe judiciaire, l’équivalent d’une Cour de cassation à l’égard de la Rote Romaine, mais aussi l’équivalent du Conseil d’État à l’égard des décisions individuelles prises ou confirmées par les Dicastères romains, qui sont les “ministères” du Saint-Siège.»

François-Xavier Bustillo, l’évêque d’Ajaccio

François-Xavier Bustillo est le plus jeune des cinq cardinaux français qui participeront au conclave puisqu’il est âgé de 56 ans. Né à Pampelune, au Pays basque espagnol, en 1968, d’un père militaire et d’une mère au foyer, le cardinal Bustillo fait partie de l’ordre religieux des franciscains. C’est à 17 ans, le bac à peine en poche, qu’il l’a rejoint à Padoue en Italie. Il est ordonné prêtre en 1994 avant de revenir en France, où il a co-fondé le couvent de Saint-Bonaventure à Narbonne. En 2021, il a été nommé évêque d’Ajaccio par le pape François. François-Xavier Bustillo a particulièrement œuvré pour la venue du Pape en Corse en décembre dernier. Une première historique, menée à bien par l’un des plus jeunes cardinaux de l’histoire.

Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger

À cette liste s’ajoute Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger. Bien qu’il ait la double nationalité franco-algérienne, ce dominicain né à Lyon en 1962 représente l’Église d’Algérie, et n’est donc pas comptabilisé parmi les cardinaux français.

Atypique et inclassable, il a exercé la profession d’avocat à Paris avant de s’engager dans l’Ordre des Prêcheurs en 1995. Ordonné prêtre en juin 2001, il traverse la Méditerranée pour devenir vicaire général en 2005, puis économe en 2007, au couvent dominicain de Tlemcen, dans le diocèse d’Oran (Algérie). Il est finalement nommé évêque d’Oran par le Pape Benoit XVI en décembre 2012, avant d’être créé cardinal en octobre 2024.

Influencé par Charles de Foucauld, Jean-Paul Vesco se montre attaché à «la fraternité islamo-chrétienne» selon le site de l’Église catholique en France. Après l’annonce du décès du pape François, il a salué dans La Vie un personnage «sans grande distance entre sa pensée et sa parole, même si parfois sa parole a pu déranger» et qui «n’a eu de cesse de vibrer pour les personnes en migration, en marginalisation, en prison».

Source : Le Figaro