La Journée Mondiale de Prière est un mouvement œcuménique mondial initié par des femmes chrétiennes au XIX^ème siècle. Près de 170 pays célèbrent aujourd’hui cette journée, chaque premier vendredi de mars. Chaque année, la célébration est préparée, pour le monde entier, par un pays différent.

Pendant 24 heures, autour de la terre, les mêmes mots, dans la diversité de langues, nous invitent à prier le Seigneur. 24 heures de prières, de chants, de témoignages pour être en union avec un pays, porter dans la prière ceux qui souffrent et les aider grâce aux offrandes versées à des œuvres locales clairement identifiées.

La prière : expression du désir !

La prière expression du désir ? Le point d’interrogation vient naturellement : de quel désir s’agit-il en effet ? Nos désirs sont si contradictoires ! Comment savoir si c’est bien Dieu que nous désirons ? Eh bien, je vais vous dire quelque chose d’un peu fou : la prière nous apprend que dans le chaos de nos désirs, c’est finalement toujours Dieu que nous désirons. D’abord parce que la prière purifie nos désirs, ensuite parce qu’elle les unifie. Nous nous rendons compte alors que nos désirs si divers, parfois même si opposés à Dieu, sont des éléments d’une recherche menée souvent comme à tâtons mais qui ne peut être comblée que par Lui. On connaît la parole de saint Augustin : «  tu nous as faits orientés vers toi, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » C’est ce qui faisait dire hardiment à sainte Thérèse d’Avila : « Ne limitons pas nos désirs, c’est de la plus haute importance. »

Il faut même aller plus loin. Non seulement la prière purifie et unifie nos désirs, mais la vraie prière creuse en nous un désir toujours plus grand. Voici encore saint Augustin : « Dieu, en faisant attendre, élargit le désir ; en faisant désirer, il élargit l’âme ; en l’élargissant, il augmente sa capacité de recevoir. »

Tel est bien l’enjeu de la prière : elle exprime un désir préalable, sans quoi nous ne nous mettrions jamais à prier. Mais son but paradoxal est autant de nous laisser insatisfaits que de nous combler. Le manque, l’insatisfaction, font partie de la prière, parce que Dieu est plus grand que notre cœur et qu’il doit nous préserver du pire des dangers, celui qui consiste à nous faire un dieu à notre mesure et à nous en satisfaire. Savoir cela, c’est être préparé à vivre le moins mal possible les moments de sécheresse qui se présenteront toujours. Dans la Bible, même si on désire ardemment le lait et le miel de la Terre promise, nous voyons que c’est dans le désert qu’ont lieu les rencontres les plus décisives : mon épouse infidèle, dit Dieu, «  je vais la séduire, je la conduirai au désert, et je parlerai à son cœur  » (Osée 2, 16).

Mgr Jean-Pierre Batut
Évêque auxiliaire de Toulouse