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20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 09:06
Corinne SIMON/CIRIC - La marche de Saint-Joseph, à Paris.

Corinne SIMON/CIRIC - La marche de Saint-Joseph, à Paris.

Aleteia - Joseph-Marie Verlinde - publié le 18/03/24

 

Comment faut-il comprendre la reconnaissance tardive dans l’Église de la place unique de saint Joseph dans le dessein du salut ? Pour Joseph-Marie Verlinde, fondateur de la Famille de Saint-Joseph, auteur d’un récent "Joseph de Nazareth" (Artège), si les derniers papes ne cessent de donner à Joseph une place de plus en plus importante, nous ne sommes sans doute qu’au tout début de la révélation de son rôle dans le mystère de l’Incarnation.

 

Saint Joseph a toujours été un des saints préférés de la piété populaire, alors qu’il fut longtemps « boudé » par le Magistère pour une raison théologique discutable : il ne fallait pas offrir des arguments à ceux qui mettent en doute la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu. Et voilà qu’à la fin du XIXe siècle et surtout au XXe siècle, les choses vont rapidement évoluer. Le 8 décembre 1870, le pape Pie IX déclarait saint Joseph, le chaste époux de la Vierge Marie, patron de l'Église Universelle. Le 19 mars 1961, Jean XXIII choisit saint Joseph comme protecteur du concile Vatican II ; et le 13 novembre 1962, le même Jean XXIII voulut que son nom soit invoqué au canon de la première prière eucharistique, aussitôt après celui de la Vierge Marie. 

 

La confiance des derniers papes

Mais le pape ayant consacré le plus d’attention à notre saint patriarche est incontestablement saint Jean Paul II, avec 815 interventions, et surtout une exhortation apostolique sur la figure et la mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de l’Église (Redemptis custos , 15 août 1982). Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI ne fut pas en reste, ne manquant pas une occasion d’inviter le peuple chrétien à se tourner vers saint Joseph, envers qui il éprouvait une affection particulière. C’est également Benoît XVI qui prit la décision de nommer saint Joseph après la Vierge Marie dans les trois autres canons de la messe (1er mai 2013). Enfin, non seulement le pape François choisit d’inaugurer son pontificat le jour de la saint Joseph (le 19 mars 2013), mais dans sa lettre apostolique Patris corde à l’occasion du 150e anniversaire de la déclaration de saint Joseph comme Patron de l’Église universelle (le 8 décembre 2020), il nous confie en note (n. 10) que tous les jours, depuis plus de quarante ans, il récite une ancienne prière à saint Joseph qui se termine par ces mots : 

 

Mon bien-aimé Père, toute ma confiance est en toi. Qu’il ne soit pas dit que je t’ai invoqué en vain, et puisque tu peux tout auprès de Jésus et de Marie, montre-moi que ta bonté est aussi grande que ton pouvoir. Amen.

 

Revenir à nos racines

Comment faut-il comprendre cette reconnaissance — somme toute tardive de la part du Magistère — de la place unique de saint Joseph dans le dessein du salut ? Dans un de ses ouvrages, le cardinal Joseph Ratzinger écrivait (Le Ressuscité, DDB, 1986, p. 84) :

 

L’Église ne peut croître et prospérer, si elle ignore que ses racines cachées plongent dans l’atmosphère de Nazareth. Car travailler avec Jésus travailleur, s’immerger dans “Nazareth”, devient le point de départ d’une nouvelle conception de l’Église pauvre et humble, d’une Église famille, d’une Église nazaréenne. Nazareth recèle un message permanent pour l’Église. Ce n’est ni dans le Temple, ni même sur la montagne sainte que commence la Nouvelle Alliance, mais dans la masure de la Vierge, dans la maison de l’ouvrier, en un lieu oublié de la “Galilée des païens”, dont personne n’attendait quelque chose de bon. C’est toujours en revenant à ce point de départ que l’Église doit se régénérer.

 

Il apparaît ainsi que le renouveau de la dévotion à saint Joseph doit être mis en relation avec la nouvelle évangélisation. Si celle-ci doit procéder d’un approfondissement du mystère de l’Incarnation rédemptrice, elle ne peut pas faire l’économie d’une redécouverte de la figure de saint Joseph, lui qui, aux côtés de Marie, joua un rôle primordial dans le déploiement du mystère de la venue dans la chair du Verbe de Dieu. 

 

Dépositaire du même amour

Nul autre saint, hormis Marie, n’a vécu aussi intimement avec le Fils de Dieu fait chair, que Joseph. Il est par excellence l’homme de confiance du Père des cieux, qui lui a confié « ses deux trésors les plus précieux » : Marie et Jésus. « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus » (Mt 1, 16). Le nom de Joseph est pour toujours indissociablement uni à ceux de Marie et de Jésus dans une commune mission : rendre possible par leur « fiat » respectif, le salut du genre humain. À ce titre, il est clair qu’il mérite toute notre attention. Jean Paul II n’écrivait-il pas dans son exhortation apostolique déjà citée sur la figure et la mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de l’Église, Redemptoris custos (RC, n. 1) :

 

J’estime en effet qu’une réflexion renouvelée sur la participation de l’époux de Marie au mystère divin permettra à l’Église en marche vers l’avenir avec toute l’humanité, de retrouver sans cesse son identité dans le cadre du dessein rédempteur, qui a son fondement dans le mystère de l’Incarnation. Joseph de Nazareth a précisément “participé” à ce mystère plus qu’aucune autre personne en dehors de Marie, la mère du Verbe incarné. Il y a participé avec elle, entraîné dans la réalité du même événement salvifique, et il a été le dépositaire du même amour, par la puissance duquel le Père éternel “nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ” (Ep 1, 5) .

 

On a coutume de dire que Jésus est le fruit de la virginité de Marie  ; mais n’est-il pas plus juste d’affirmer qu’il est le fruit de l’amour virginal de ces chastes époux, tout livrés à l’action de l’Esprit saint pour la réalisation du dessein rédempteur ?

 

 

 

 

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